[Flashback - 5 jours avant l'event] Un Dungeon en duo [Feat. Aaron]

Trois jours que j'attends que de nouvelles missions arrivent en vue d'entrer dans le Dungeon. Je pense que mes blessures se sont cicatrisées, il est temps pour moi de retourner à l'intérieur. Équipé de ma lance, dans les rues éclairées par le soleil du midi, je m'avance confiant vers le Dungeon. Des bribes de souvenirs de ma précédente mission me reviennent en mémoire et je m'arrête juste devant l'entrée qui se forme devant moi.

- Ne devrais-je pas trouver quelqu'un d'abord pour m'y accompagner ?

Je réfléchissais à voix haute quand, d'un regard, je vis un jeune aventurier non loin. Voulait-il entrer dans le Dungeon ou ne faisait-il que l'admirer ? Il n'avait pas l'air d'un solide gaillard, mais parfois les apparences peuvent être trompeuses. Je me suis dirigé vers lui en l'interpellant et en lui envoyant la main :

- Hey, oui toi. Tu es bel et bien un aventurier, non ? Vu ton apparence, ça ne fait aucun doute. Je m'apprêtais à pénétrer dans le Dungeon, mais je me suis rappelé que c'était une mauvaise idée d'y aller seul à mon niveau. Que dirais-tu que nous y allions ensemble ?

Je gardais mon sourire naturel le plus convaincant possible, sinon j'allais devoir y aller seul, chose que je ne désirais point. À plus le regarder, je me suis mis à douter de son identité :

- Es-tu vraiment un aventurier ?

Mon regard se porta vers le Dungeon, fièrement dressé, nous faisant de l'ombre face au soleil plombant de chaleur. La brise des plaines se faisait sentir et jouait avec mes cheveux et je revenais prêter attention à mon interlocuteur. Probablement plus jeune que moi, il me fallait faire preuve de finesse :

- Fais-moi confiance le Dungeon... est sans danger ? Enfin, non, il y en a, mais à deux on pourrait mieux s'en sortir que moi quand j'y suis allé seul. Et puis, tu as vu mon gabarit ?

Je m'exhibais un peu pour lui montrer que je n'étais pas rien :

- Même un gars comme moi sue et saigne à l'intérieur. Prêtons-nous main forte ensemble et devenons plus fort !

Je lui tendais ma main en riant gaiement.

[To be continued...]

Je traînais devant le Dungeon. J'avais pour une fois laissé mon livre de côté et j'observais les aventuriers qui s'élançaient à l'assaut de la tour infernale. Un par un, ils passaient à travers les portes. On pouvait assez facilement lire leur expérience dans leur équipement et leur regard. Les plus aguerris partaient en groupe visiblement organisés et réguliers, tandis que les plus jeunes se lançaient à l'assaut sans aucun compagnon.

Je souriais d'un air sarcastique en voyant les aventuriers ressortir. Il n'y avait aucun effort à faire pour distinguer ceux qui venaient de perdre des compagnons de ceux qui revenaient victorieux d'une mission plus ou moins périlleuse.

J'aurais pu profiter un bon moment du spectacle si je n'avais pas été interrompu par une tâche jaune qui semblait s'approcher de moi. Déconcentré dans mon observation, j'observais la nouveau venu et j'écoutais d'une oreille distraite ses paroles.Je hochais un peu bêtement la tête face à l'asperge qui s'approchait de moi pour répondre à ses questions. Il était évident qu'il s'agissait d'un aventurier, pas forcément très aguerri à en voir sa démarche. Ses armes, son armure, tout sentait le neuf. Cependant, il transparaissait aussi que celui n'avait pas ou plutôt plus l'attitude du bleu qui avance pour sa première grimpette bien trop sûr de lui et de ses pouvoirs.

Il avait fait comme tout le monde avant lui l'expérience de la difficulté de la tour. L'histoire était toujours la même, invariante et somme toute inéluctable. A bien l'écouter, il n'avait peut-être pas fini de comprendre que le donjon était impitoyable.

Après quelques secondes de réflexion, je finis par saisir sa main. Je n'avais vraiment pas l'habitude de partir avec d'autres mais à deux, j'avais plus de chance de réaliser les expériences que je voulais faire dans le donjon. Je remettais les mains dans les poches et je me dirigeais vers la tour d'un air nonchalant. Finalement la journée allait être beaucoup plus intéressante que ce que je pensais initialement.

La première expérience de la journée allait pouvoir commencer. Que se passerait-il si j'attendais le dernier moment pour sortir mon arme? Je voulais voir ce que penserait l'asperge de partir avec moi dans le donjon sans que j'ai dégainé une arme.

Je me mettais face à la tour attendant qu'une porte ne s'ouvre et je fermais les yeux. Je savais exactement ce que je cherchais par delà les portes. J'avais l'arme parfaite pour ce genre de situation : une dague, légère et maniable mais particulièrement affuté pour faire froid dans le dos à n'importe qui. Comme prévu le cercle se matérialisa et mon arme apparut doucement en son centre. Dès que la dague fut sortie, je saisissais la poignée de l'arme et me retournais un rictus aux lèvres pour observer l'autre aventurier.

- Au fait, mon nom c'est Aaron

Et je fis un pas pour rentrer dans le donjon.

Je ne m'étais pas trompé. Quoi qu'il n'y ressemble pas, le voir sortir sa dague de nulle part me prouvait qu'il en était un. Étrange pouvoir. Dans tous les cas, je pris le pas après lui pour pénétrer dans le Dungeon. Le premier étage, le début du calvaire, mais un bon terrain pour s'entraîner.

- Les créatures du premier étage sont assez faciles à vaincre. Elles n'offrent pas trop d'opposition. Ce sera un bon début. Si jamais tu veux monter à un étage supérieur, on pourra partir à la recherche de l'escalier permettant d'y accéder. Il faudra juste faire attention, les escaliers disparaissent au bout de cinq minutes et c'est la chute mortelle qui nous est offert s'ils disparaissent sous nos pieds. Donc il faudra faire très attention.

Je prenais la tête en quête d'un monstre à affronter pour me dérouiller. Manque de veine, nous sommes tombés sur un loup. Seul, mais ça n'en restait pas moins un loup. J'en ai gardé un bon souvenir de mon dernier combat contre ceux de son espèce.

- Je prends le relais !

Manquant de discrétion, le loup se retourna vers moi, courant pour me mordre. D'un pas de côté, je l'esquivais avant de ramener ma lance de bas en haut, propulsant le loup dans les airs, à deux mètres plus précisément. Je fis un glissement en avant en envoyant ma lance s'empaler dans le corps du loup et fracassant son corps contre le sol. Un pied sur abdomen, je retirais ma lance avant de la planter dans son cou, achevant de le tuer.

- Comme tu l'as vu, à cet étage, les monstres sont encore faciles à vaincre. Plus on montera et plus ils seront difficiles. Suis-moi, j'aimerais voir ce que tu vaux au combat. Je ne connais pas tes capacités physiques et offensives, donc je vais tâcher de te trouver une cible inoffensive ou presque. Par exemple là...

Je lui pointais de la lance un jeune cerf dont les bois n'avaient pas encore commencés à pousser et qui se reposait tranquillement à une dizaine de mètre plus loin.

- Ça c'est une cible inoffensive. Bien sûr, elle tentera de t'attaquer ou sinon de fuir si elle est blessée, mais selon comment tu réagiras, il te viendra en évidence la meilleure solution pour le tuer. Fais-moi voir tes talents en combat. Ce n'est avec ton pouvoir que tu parviendras à monter les étages, seule la force, la conviction et la détermination pourront te permettre de surmonter tous tes obstacles ! Surtout ici où les pouvoirs sont pour la plupart peu utiles ou non-conventionnels d'être utilisé dans ces bas étages-là. Moi-même je ne me servirai pas de mon pouvoir ici, il en reste beaucoup trop incapacitant pour ma propre personne. Je te laisse le champ libre.

Je croisais les bras en le regardant fièrement, qu'allait-il pouvoir faire pour vaincre ce petit monstre ? Sa petite dague ne m'impressionnait guère, mais peut-être saura-t-il se montrer astucieux et ingénieux, peut-être même créatif. Qui sait, réussira-t-il à me prouver que son rictus d'un peu plus tôt avait un bon sens ? Dans tous les cas, j'allais attendre sa réaction pour mieux entrevoir les combats avenirs...

[To be continued...]

L'homme n'avait pas sourcillé. J'avais beau l'observer, je n'avais pu distinguer un clignement dans ses yeux. Il était donc particulièrement intéressant. Je jubilais intérieurement. Un de mes semblables éveillait mon intérêt et j'avais, je l'avoue, une joie nouvelle et sans doute un peu malsaine à cette idée.

Je l'accompagnais sagement. Le premier niveau ne présentait des dangers très calculé et pour un peu on aurait pu trouver des environnements aussi hostiles en dehors du Donjon. Si on regardait plus dans le détail la construction logique de la tour, on aurait pu croire que les dieux avaient parfaitement calculé leur coup pour permettre aux petits nouveaux de débuter dans un cadre suffisamment rassurant. Mais suffisamment rassurant pourquoi, c'était la vrai question de fond. Après tout, au vu du nombre de décès dans ce donjon, on pouvait se demander si ce n'était pas un piège pour pousser les nouveaux au-delà de leurs limites. Allez donc savoir ce que les dieux ont dans leurs têtes quand ils créent des tours remplies de pièges mortels.

Voilà que l'asperge me donnait un cours sur le donjon, alors que j'avais sans doute passer bien plus de temps que lui dedans. Mais après tout comment aurait-il pu le savoir? A dire vrai, une question m'intéressait de plus en plus... Quel pouvoir pouvait-il donc avoir? J'aurais donné cher pour cette information, trop cher à mon goût. Du calme, il ne s'agissait pas de le provoquer en duel pour l'observer... Quoi que l'idée ne m'aurait pas déplu.

- Merci, je ne savais pas que les passerelles bougeaient aussi vite, répondis-je d'un ton convaincant.

Bien sûr, je le savais mais souvent feindre d'être ignorant rapporte plus que de jouer les connaisseurs. On instruit plus souvent celui qui ne sait rien que celui qui en sait déjà beaucoup...

Après nous être enfoncés un peu plus loin dans l'étage, nous tombâmes sur un loup. La bête n'avait pas vraiment l'air sûre d'elle en même temps, elle était perdue seule. J'allais pouvoir observer l'asperge le combattre. Après tout, je ne t'étais pas venu là pour me fatiguer. Il ne se fit pas prier, tel un gamin content de montrer ses prouesses, il se précipita sur la bête et avec sa lance la tua. Il acheva la bête consciencieusement. Si son arme lui donnait l'avantage à cette portée, j'étais curieux de voir ce qu'il pouvait en faire à une distance disons beaucoup plus courte de lui, là où j'aimais frapper.

Je restais en retrait observant le combat avec attention. Il me restait un peu de temps avant de pouvoir utiliser mon pouvoir, et je n'avais nullement l'intention de m'impliquer dans ce combat déjà déséquilibré. Lorsqu'il eu fini et qu'il eu pris sa pose de vainqueur en achevant la proie, nous pûmes nous déplacer. Il semblait plus confiant en ses capacités. Nous allâmes jusqu'à une petite clairière non loin de là ou un cerf se prélassait. Par expérience, je savais que si la bête était en elle-même inoffensive, sa chair était d'une toxicité assez intense contrairement à ceux que l'on trouvait en dehors du Donjon. Pour l'asperge l'occasion était parfaite, il devait débiter une phrase cliché pour prouver son honneur et me défier de prouver moi aussi ma valeur dans un combat.
Il n'était pas fou, il cherchait à m'épargner. Clairement le combat n'était pas de la même difficulté que le sien.

Devais-je montrer mes capacités ou plutôt attendre? C'était une question pour moi complexe car je ne souhaitais rien révéler de plus que ce qui était nécessaire à cette petite sortie et un cerf n'était en rien une situation compliquée. Et puis ne pas trop en montrer, c'était bien beau mais ne pas trop montrer quoi d'abord? Mes pouvoirs ou le fruit de mon entraînement.
Je finis par choisir de ne pas montrer mes pouvoirs. Même si j'aurais pu faire quelque chose avec une arbalète, elle était trop encombrante pour la suite et surtout j'aurais été pris de fatigue bien avant d'avoir rangé la dague et l'arbalète par delà les portes. A dire vrai, il aurait mieux valu parler de manque de motivation mais comme tout le monde le sait fatigue et l'absence d'intérêt vont souvent de paire.

Une fois bien au fait de ce que je voulais faire, je passais à l'action. Je saisis une pierre assez plate non-loin de là. Mon plan était assez simple. Lancer la pierre sur l'animal, attendre la fuite et bondir sur lui. Pour que le plan marche, il fallait impérativement que la bête soit sous le bon angle : si la pierre frappait l'animal en face, il prendrait immanquablement la fuite dans un sens opposé ; de même si je frappais l'arrière. Il ne restait donc plus que les flancs. Et en supposant que la vision de la bête avait un champ assez large (puisqu'il n'avait pas encore ses cornes), il valait mieux viser le postérieur, ce qui la pousserait à partir vers l'avant. Le plus difficile était alors de se rapprocher assez de la bête pour pouvoir la toucher dans sa fuite.

Je m'avançais donc doucement vers la bête, conscient que le travail à faire n'était pas des plus évident. Je progressais à travers les couverts environnants, me plaquant contre le sol. J'avais choisi avec soin le côté par lequel approcher en regardant le sens du vent dans les feuilles des arbres. Je ne savais pas ce que le cerf pouvait sentir alors je préférais ne prendre aucun risque. Lorsque je fus à une distance raisonnable, je lançais la pierre vers son arrière-train. Dès que la pierre eut quitté ma main, je partais en sprint en diagonal, là où il n'y avait encore rien. Ces quelques secondes d'avance étaient cruciales pour moi car sans ça je ne pouvais rattraper la bête. Le plan fonctionna à merveille et après un cri, le cerf paniqué fonça tout droit pour se mettre à l'abri de la menace. Ce fut là sa seule erreur. Ici pourtant ce genre d'erreurs ne pardonnent souvent pas. Je bondis sur elle et ma lame de ma dague, tenue comme il se convenait sous ma main vint lacérer son postérieur. Le combat était déjà fini. Le cerf bascula déséquilibré, incapacité par sa blessure. Ceux qui visent les flancs sont des idiots. En effet, un ennemi incapable de se déplacer n'a plus rien d'un ennemi dangereux, en tout cas lorsqu'il ne maîtrise aucun pouvoir. J'achevais la bête et fis rebasculer ma lame d'un mouvement de poignée au-dessus de ma main.

-Alors ais-je donc passé ton test l'asperge? Tu ne m'as toujours pas dit ton nom je crois et j'avoue que je n'aime pas beaucoup me répéter.

- Mon nom ? Pardonne-moi, l'excitation d'être en équipe m'a fait oublier mes manières. Je m'appelle Vincent Duke, je suis un Équipé. Ce n'était pas vraiment un test, mais avec tous ces appels aux pompes funèbres, je voulais vérifier si tu étais capable de te défendre dans l'optique où nous serions tous les deux séparés. Désolé encore une fois, ce n'était pas dans mon intention de vouloir te brusquer ou de te mettre en colère, mais avec toutes ces morts à ces étages-là, j'en viens à devenir un peu trop protecteur avec les autres aventuriers que je rencontre et avec qui j'entre dans cette stupide tour infernale. J'imagine que l'on peut reprendre notre route...

Je me tournais une dernière fois vers le jeune cerf qui gisait-là mort comme il l'était. Une manière assez unique de tuer une cible. En soit, ce n'était en aucun cas un problème. Il pourra bien sûr m'aider à éliminer un gros gibier si je lui fais face et qu'il le contourne pour le prendre de dos. Je repensais au rictus qu'il m'avait offert avant d'entrer et je me dis que je m'étais surement tromper sur ses intentions à mon sujet.

- Je me demande, mais en me remémorant comment tu as éliminé cette créature, serait-il possible que tu sois déjà venu dans le Dungeon ? Dans tous les cas, tu m'auras appris une bonne leçon : les apparences sont souvent trompeuses. Désolé si j'ai dû prendre un ton arrogant et vindicatif, ce n'était pas en mal que je l'ai fait. Tu sais, nous avons tous nos raisons de venir ici, dans le Dungeon. Certains cherchent les reliques enchantées, d'autres veulent devenir forts et puissants ou bien atteindre le centième étage pour rencontrer ce "fameux" dieu tout puissant. Moi, je ne suis ici que pour une raison personnelle. J'ai fait par le passé une promesse à des personnes que j'aimais et que j'aime toujours et je me dois de respecter cette promesse, même si je dois en mourir au final. Rien ne m'empêchera de réaliser la dernière volonté de ceux que je chéris tant !

Mon regard était devenu fort sérieux, voir même sombre et empreint de ténèbres, mes yeux se perdaient dans le néant, ma voix paraissait venir d'ailleurs et je serais les poings au point d'enfoncer mes ongles dans mes paumes. Le sang coulait de peu et je repris mes esprits. Je regardais à côté de moi, vers Aaron dans l'espoir de ne pas l'avoir effrayé.

- Désolé, j'ai été un peu hors de moi. Mais ça ne devrait plus se reproduire. Essayons de chercher des cibles faciles à vaincre. Je suis persuadé qu'il doit y avoir quelques petits sangliers ou bien d'autres cerfs et leurs femelles dans les environs ? Sinon, nous pourrions chercher à monter au second étage et voir ce qui s'offrira à nous. Qu'en penses-tu ?

Je lui posais la question en y mettant le plus d'assurance possible, mais ce coup de faiblesse que j'avais eu m'avait un peu perturbé et je voulais remonter le temps pour éviter que cette scène ne se produise. Je regardais devant moi, à la recherche d'une proie sur laquelle déverser toute ma colère et un bébé sanglier s'offrit à moi. Sortant des fourrés, il nous regarda et se mis à fuir en sens inverse...

- Comme si j'allais te laisser partir comme ça, petit bâtard !

Je pris ma lance à une main, cramponnant mes pieds bien fortement dans le sol et je me mis en position de lancé. Prenant une grande respiration, je fermais les yeux pour mieux me concentrer avant de les ouvrir. Mon bras armé ainsi que tout le côté de ma gauche partirent simultanément en même temps. J'envoyais ma lance à toute vitesse, propulsée par mon élan avant que celle-ci n'aille perforer le corps du petit sanglier qui se fit embrocher sur le sol par cette dernière.

Je reprenais mon souffle et mon calme et tout souriant je me mis à marcher dans la direction du bébé qui geignait comme jamais. Je lui écrasa la tête contre le sol tandis que je reprenais ma lance en main.

- Alors, comme ça tu voulais t'enfuir ? Ce n'est pas très amusant de jouer au chat et à la souris, tu sais ? Soit content, je t'épargne les quelques minutes de vie qui te sont alloués en te tuant maintenant. Comprends-moi, avec ce que ta maman m'a fait la dernière fois, ce n'est que justice que de lui renvoyer la monnaie de sa pièce ! Fait de beaux rêves, mon mignon, car tu ne la reverra jamais !

Sitôt dit que je lui éclatais la cervelle avec la pointe de ma lance avant de l'essuyer contre sa fourrure. Je revenais en direction d'Aaron, tant de refréner un sourire sadique. Je remis mon arme dans mon dos et je m'arrêtai devant lui.

- Pardon... héhé, j'ai peut-être un peu débordé. On peu reprendre notre route maintenant. Avec les blessures que sa maman m'a causé lors de ma toute première mission, il était un peu normal que j'en veuille autant à ces stupides sangliers ! Si j'en revois d'autres, ne soit pas surpris si je me montre tout autant peu conciliant. Allez, il est l'heure d'avancer ! Je voudrais profiter de cette magnifique journée pour me renforcer un peu plus !

[To be continued...]

L'asperge s'appelait donc Vincent. Franchement, à choisir entre ce nom qui faisait plus artiste fou qu'autre chose et l'asperge, je préférais encore l'appeler l'asperge. Il parlait beaucoup ; trop à mon goût et trop pour un champ de bataille. A le regarder, il ne ressemblait en rien à un meneur d'homme. C'était un chanceux qui avait survécu rien de plus. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de trouver intéressant son côté sûr de lui. C'était le genre de type à tout tenter ne serait-ce que par honneur ou par amour. Bref il flottait dans l'air beaucoup trop de sentiments humains pour moi.
Je commençais pourtant à m'attacher à l'asperge. Je m'amusais à imaginer son pouvoir. Avec son statut d'équipé et sa lance, il y avait fort à parier que la détruire suffirait à neutraliser son pouvoir.

- Comme tu as déjà pu le voir je suis psyché. Je suis effectivement déjà venu dans le donjon un certain nombre de fois mais j'avoue que je ne me suis jamais aventuré bien loin dans les étages. Je ne me bats que si ça en vaut la peine. On pourrait tuer des cerfs toute la journée mais je peux le faire tout seul donc je propose qu'on cherche des bestioles plus exotiques à tuer. Je ne sais pas s'il y en a un grand nombre dans les premiers étages mais on apprendrait plus qu'en tuant des bêtes qui trainent par ici et par là.

A vrai dire, j'avais des expériences à mener et les cerfs n'allaient pas beaucoup m'aider pour les conduire. Au vu du temps que nous avions passé à bavasser, j'allais pouvoir réutiliser mes portes. Même si je n'avais pas envie de lui montrer l'ensemble de mes capacités, je voulais l'impressionner, lui prouver que les voyages dans le donjon permettaient d'acquérir des compétences dont il n'avait pas idée.

Je le regardais se débarrasser d'un bébé sanglier avec un peu trop de fierté pour la pauvre bête.

Je n'attendais pas vraiment sa réponse et commençait à grimper vers le deuxième étage. Je n'avais pas vraiment l'habitude de passer devant ou de courir vers le danger mais j'avais bien envie de tester la fameuse toxicité du donjon et de récupérer quelques échantillons pour des essais futurs. Je profitais de la vue dans le donjon en grimpant. Je jouais négligemment avec ma dague en la faisant tourner la lame de haut en bas.

Les premières bestioles apparaissait dès l'arrivée au deuxième étage, les choses allaient devenir plus intéressant.

- Tu veux qu'on se la joue comment l'asperge?

Je me cachais dans les buissons avoisinants en attendant que l'asperge se bouge.

- Vu ta manière d'abattre tes adversaires, je suggérerais de...

Je n'avais pas fini ma phrase que des hyènes apparurent sur mon champ de vision, fonçant droit sur moi. Je pris ma lance en main, il me fallait réfléchir rapidement à une bonne tactique de combat. Le premier hyène était à bout portant, mais je doutais de leur ruse, attendant quelques secondes avant de lui asséner un coup à la tête, avec l'arrière de ma lance, pour l'envoyer se coucher près de la cachette d'Aaron. Il faisait chaud, le sol humide et l'air frais, une magnifique journée pour chasser le gibier, quel qu'il soit. Je me laissais envahir par cette sensation d'aimer le danger. Me déplaçant de droite à gauche pour esquiver les coups de pattes des deux autres hyènes, je regardais de temps en temps derrière moi pour m'assurer de l'état d'Aaron, même si je ne le voyais pas, j'étais sûr qu'il était là à me regarder me démener. Il me fallait choisir chaque bon moments pour lui offrir une belle opportunité de frapper ces chiens de savane. Malgré toute la maîtrise de moi-même, savoir que je n'étais pas seul semblait me donner des ailes et un trop plein d'assurance. Certes, j'échappais de peu à certaines de leurs attaques, mais je ne m'en plaignais pas, je jouais avec eux, me rapprochant de plus en plus du boisson d'Aaron.

Arrivé à quelques mètres, je fis un croche-pied à l'un des deux hyènes avant de lui planter ma lance dans le corps et de le clouer au sol. Il se débattait sans cesse en riant, enfin, si c'était bel et bien un rire. Je pouvais le laisser de côté et faire face à mon dernier assaillant. Les jambes bien écartés, les cuisses tendues, bras ouverts et le regard menaçant, j'attendais la réaction de ce dernier. Je n'ai pas eu à attendre très longtemps, car il s'est élancé vers moi, grâce à ma position, je pu feinter à sa gauche et lui attraper le cou pour le plaquer durement au sol. Nos regards se sont croisés et il a su ce qu'il allait lui arriver. Il planta ses griffes dans mon bras gauche, mais ne pouvant rivaliser avec ma force, il se semblait se raviser. Trop tard pour lui, mon genou droit sur son ventre, je pris sa tête à deux mains avant de lui briser la nuque.

- Comme j'allais le dire un peu plus tôt, Aaron, la meilleure tactique pour nous serait de te laisser attaquer furtivement l'adversaire pendant que je détourne leur attention. Qu'en dis-tu ?

Je me retournais tout en me redressant pour voir si Aaron s'était occupé des deux autres créatures. De la sueur coulait sur mon front, le soleil allait nous taper fort sur la tête aujourd'hui.

Action et réponse d'Aaron...


L'odeur du sang risquait d'attirer de plus grandes créatures, il me fallait m'occuper de ma blessure au plus vite. Je pris le temps de m'asseoir, en attendant la réponse de mon camarade de chasse, et de prendre des petits bandages dans ma trousse de soin. J'enroulais mon bras de quelques couches de tissus pour le resserrer et attendre de voir si le saignement allait continuer. Satisfait de mon travail, je remis les bandages et j'entrepris de regarder autour de moi avant de revenir chercher ma lance.

[To be continued...]

Avec les hyènes, nous nous étions toujours compris. J'adorais leur côté faussement rieur et leur aptitude à cacher leurs véritables intentions. C'est donc tout naturellement avec un grand sourire que j'accueillis la première hyène qui parvint à ma portée.
Le combat fut court mais bestial. Je basculais le poids de mon corps d'une jambe à l'autre, ma lame devant moi. La bête tenta d'esquiver en piquant par la gauche pour me mordre au flanc. Je fis basculer la lame dans ma main au moment où l'haleine fétide de la bête commença à attaquer mon nez. Je frappais la bête sous un angle fatal et elle s'effondra, m'arrosant de son sang putride.

Le geste que je fis pour faire tourner ma lame fut trop court. Si je ne le sentis pas immédiatement à cause de l'adrénaline, le sang qui se mit à couler me rappela à l'ordre.

Je n'avais pas vraiment le temps de réfléchir plus longtemps au problème car une autre bête arrivait. Dans l'état, je n'avais aucun moyen de me défendre de cette main. Je changeais de main pour tenir ma lame. Je n'étais pas aussi habile de celle-ci que l'autre mais je ne pouvais me permettre le luxe de me saisir d'une arme avec une main invalide.

La bête, à la vue du cadavre de sa congénère, s'arrêta. Elle me jaugeait du regard pour savoir quand elle pourrait passer à l'attaque. Les hyènes sont parmi les bêtes les plus intelligentes. Après quelques instants, elle passa à l'action en se précipitant sur le même flanc que sa congénère. Je n'étais cette fois pas prêt à l'arrêter. Blessé, je n'avais plus les moyens de me défendre sur ce côté et la seule solution qui me parut valide sur l'instant fut de chuter en arrière.

Allongé sur le dos, je pliais mes jambes sur mon ventre pour décocher un coup, protégeant mon torse avec ma lame. La bête ne me toucha pas dans sa charge et après un instant, revint se mettre en position pour me frapper à nouveau.

Je relâchais la tension dans mes jambes, pour lui faire croire à une tentative de fuite. Puis lorsque la bête se fut élancée et que je fus sûr que rien ne pus encore l'empêcher de fondre sur moi, j'arquais à nouveau mes jambes et je frappais sa tête avec mes deux talons. J'entendis un craquement sinistre venant de la bête et elle s'effondra à quelques mètres de moi, sonnée mais bien vivante.

Je me relevais, crachant la bile que j'avais dans la bouche et me trouvant face à la bête, je plantais un couteau dans sa jugulaire la regardant mourir sous mes yeux. Je fermis les yeux pour concentrer mon pouvoir et je fiis venir des bandages et de la crème pour ma main blessée. Une fois la blessure traitée, je regagnais l'espace découvert, ma lame en main.

- Les hyènes sont une plaie. Elles sont toujours en bande et elles sont plus rusées qu'elles en ont l'air. Pour ce qui est du combat, ce choix me paraît raisonnable mais avec ma main abimée, je risque de prendre plus de temps qu'à l'accoutumée pour affronter les bêtes que nous pourrons rencontrer. Tu comptes beaucoup sur ta lance pour te protéger non?