Effusion et profusion - PV (Abyss)

Quel plaisir de pouvoir de nouveau marcher librement dans la rue, sans finir par être stoppée par des murs, érigés afin de m'empêcher de vivre comme je le souhaite. Inapte à la vie en société, voilà ce qu'on avait dit de moi.

Pourtant, les quelques congénères avec qui j'avais pu passer mes jours au sein du bagne doivent sans aucun doute me trouver très capable de vivre avec eux. nous avions même des rapports très cordiaux, où ils satisfaisaient mes moindres désirs, sous peine de recevoir un châtiment juste et bien dosé. La définition de rapports sains entre êtres humains !

Enfin, je sais bien que le gouvernement n'est pas de cet avis. La marque sur ma main en témoigne, et également le fait que si quelqu'un venait à subir mon petit... passe temps, ils m'exécuteraient. Comment savoir comment m'y prendre avec autrui, maintenant ? Allez savoir. De toute manière, même si j'y avais renoncé officiellement, je compte bien continuer à exercer ma passion. Il faudra juste que je m'y prenne de façon plus discrète, et plus maligne.

Toujours est-il que pour l'instant, je dois faire comme si j'avais compris leur manière de "vivre convenablement", et donc, je devais faire ce qu'ils m'avaient ordonné, à savoir vivre comme une aventurière. Et me voici donc, devant le panneau des missions, à me demander laquelle faire... enfin, plutôt me demander comment faire. Il faut croire que ça semble acquis par cette "société" que tout le monde sache lire, mais il se trouve qu'en prison, on a pas ce genre de priorités. Et j'étais restée trop peu de temps à l'école pour l'apprendre. Ainsi, vu que je n'ai pas envie de passer pour ce que je ne suis pas, à savoir une abrutie, je me dirige vers un jeune homme, l'air crédule, lui aussi semblant songeur devant une mission. je fais mine de la lire, avant de lui demander, comme si de rien n'étais :

"Tu ne veux pas qu'on fasse cette mission à deux ? ça sera plus simple, non ?"

Ainsi, il pourra me dire tout ce que je veux savoir sans que ça ait l'air trop suspect. Et si ça le deviens... Qui remarquera la disparition d'un aventurier ?

Et me voila, en train de regarder ce tableau, un peu perdu dans mes pensées. J'ai besoin de me changer les idées, et une mission est tout ce qu'il me faut pour penser à autre chose que tout ce qui se passe autour de moi.

Cette société n'en a décidément pas fini de me mettre sur les nerfs. Entre ségrégation et esclavage, cela commence serieusement à me faire mal tourner. Alors bon, autant me lancer dans autre chose pour le moment, en attendant d'avoir l'occasion de faire bouger tout ça par la force. Parce que je dois bien me l'avouer, aucune autre solution ne marchera face à une masse aussi gigantesque et corrumpue.

Mais voilà que quelqu'un vient m'alpaguer alors que je réfléchis. C'est une femme, outrageusement belle, par dessus le marché. J'imagine déjà Umeki lui courir après l'épée à la main juste parce qu'elle m'a adressé la parole, mais bon. Umeki n'est pas là, alors autant être avenant.

« Et bien ma foi, un peu de compagnie pour cette quête ne ferait pas de mal. Je ne vais pas omettre l'idée que ça pourrait mal se passer. »

J'ai.. Une impression étrange concernant cette femme, comme une impression de déjà vu. Mais je ne m'en formalise pas plus que ça, et je décide de prendre directement la direction du Dungeon.

« Oh d'ailleurs, Abyss, Abyss Maxwell » dis-je pour me présenter.

« Et bien ma foi, un peu de compagnie pour cette quête ne ferait pas de mal. Je ne vais pas omettre l'idée que ça pourrait mal se passer. »

Le garçon, avec son manque d'assurance, me fatigue déjà. Je dégaine ma lame d'un cm, avant de renoncer à l'étriper sur place. Ça ferait mauvais genre, et j'aurai sans doute de nouveau des problèmes. Je soupire, avant de remettre ma lame dans sa position initiale, emboitant le pas du type, déjà parti pour ce que je suppose être le Dungeon. Je fais claquer ma cape, avant de le suivre d'un pas décidé.

Mes pas résonnent sur les dalles de la route, démontrant ainsi la pauvre fréquentation de l'édifice. Où plutôt le fait que les gens stoppent leur activité lorsque je passe, me dévisageant avec suspicion. Ou crainte, allez savoir. Après tout, j'ai peut être le sang de plusieurs membres de leur famille sur les mains ! Cette pensée m'arrache un sourire. Ne suis-je pas faite pour être respectée et crainte ? Ne suis-je point la plus parfaite incarnation de la mort, l'allégorie de la cruauté ? Ils devraient tous me craindre, se détourner de moi, ramper dans leurs nids comme des larves, courir se réfugier dans un refuge temporaire, qui ne saurait de toute façon échapper à mon emprise diabolique, transcendant la simple condition humaine pour être ce qu'elle a toujours fantasmé être, la sublimation de la mort, l'hyperbole du chaos, le mal incarné et absolu !

« Oh d'ailleurs, Abyss, Abyss Maxwell »

Et cet avorton arrogant et dont la pédance m'exaspère n'est qu'une marche pour mon ascension morbide vers la puissance qui m'attends au sein du Dungeon. Une marche vivante, pour composer mon trône organite. Il n'est pas le premier, et ne sera pas le dernier.

Mais pour l'instant, j'ai besoin de lui. Je ne peux encore le destiner à mon œuvre.

" Sin Mori. A quoi bon répéter deux fois son prénom, si ce n'est pour s'auto glorifier ? Te sens tu donc aussi important que deux hommes ?"

Il faut que je me calme, je ne dois pas le brusquer. Soyons naturelle, aimable.

" Allons donc faire cette mission, Abyss. Dans la gaieté et la bonne humeur."

J'espère que son cerveau simplet comprendra les mots que je viens d'énoncer, et qu'il sera donc plus dans son idéal d'amitié et de joie, comme cette société doit l'être...

Allons ma grande, un alcoolique un peu trop éméché aurait entendu et vu le mouvement de ta lame à plusieurs dizaines de mètres.. ou ne serait-ce que moi ? Enfin, ce n'est pas spécifiquement important, je m'en débarrasserai si elle devient agressive, mais elle a peut-être simplement eu un coup de sang, ou a voulu se donner un air impressionnant, qui sait ?

Pour l'instant je la suis calmement, alors que les gens nous dévisagent. Décidément, la présence des Autres, c'est vraiment pas leur truc, ou alors ils sont sidérés par la beauté du duo qui est en train de le passer sous le nez. Un petit rire vient doucement se perdre dans le bruit de la foule.

Et voila que la petite Madame se prend à un jeu auquel elle joue toute seule, la provocation. Reviens dans quelques années ma grande, t'es pas encore de taille pour une joute contre moi, qu'elle soit verbale ou pas.

« C'est d'usage courant chez les personnes avec un sens de la logique de présenter son prénom, puis son nom complet. Car certaines personnes peuvent porter un nom portant à confusion. Pour te donner un exemple, François Armand, c'est plutôt dur de savoir où se trouve le prénom. Mais bon, je ne vais pas te blâmer pour ne pas le savoir, et plutôt répondre à ta question. Je me pense bien plus important que la masse, et tu viens de me prouver que tu en fais partie. »

Je soupire d'un ton las, me demandant pourquoi donc Lyos m'avait choisi une compagne de voyage pareille. Enfin, ça se changeait pas trop du blabla quotidien que me servait la plèbe à cause de ma condition d'Autres.

« Mais oui ma petite Sin, dans la joie et la bonne humeur. Mais avant de repasser à la sympathie, réponds donc à ma question. Ton aversion envers moi vient, comme le commun des mortels, du fait que je suis un Autre, ou du simple fait que tu ne supporte pas l'idée de te trouver à proximité de quelqu'un de supérieur à toi ? »

Un sourire narquois se dessine sur mon visage. D'habitude, je trouve ça mal de taper sur plus faible que soi. Mais quand ledit faible est malveillant, je ne vois plus trop le soucis.

Le jeune homme ose me répondre. C'est qu'il a du cran, du haut de ses 15 ans. Il aura une vie très courte, ceci dit.

« C'est d'usage courant chez les personnes avec un sens de la logique de présenter son prénom, puis son nom complet. Car certaines personnes peuvent porter un nom portant à confusion. Pour te donner un exemple, François Armand, c'est plutôt dur de savoir où se trouve le prénom. Mais bon, je ne vais pas te blâmer pour ne pas le savoir, et plutôt répondre à ta question. Je me pense bien plus important que la masse, et tu viens de me prouver que tu en fais partie. »

Sa réponse me semble encore moins logique. Si on dit toujours prénom puis nom, la confusion n'a pas de raison d'être. Donc le répéter sous entends que l'interlocuteur n'est pas assez intelligent pour comprendre ce principe pourtant basique. Et, bien sur, j'avais vu juste, c'est un petit con qui se crois supérieur. On ne lui a pas enseigné la vie, c'est une évidence.

"Prends la peine de répéter deux fois ton prénom avec ceux qui te semblent suffisamment abrutis pour ne pas distinguer la différence entre celui-ci et ton nom de famille. Tu me considère donc comme n'ayant pas assez de capacités intellectuelles pour comprendre une chose aussi basique que celle-ci, je vois. Ton cerveau n'est vraisemblablement pas encore assez mature pour percevoir l'ordre naturel des choses."

Le jeune homme surenchérit, visiblement satisfait de lui. Je maudis les chaines qui me retiennent, car j'aurai tellement apprécié le déchirer lentement, en voyant s’effacer progressivement son petit ton d'arrogance, faisant peu à peu place à une voix horrifiée, suppliant ma pitié. J'en aurai pris un plaisir orgasmique.

« Mais oui ma petite Sin, dans la joie et la bonne humeur. Mais avant de repasser à la sympathie, réponds donc à ma question. Ton aversion envers moi vient, comme le commun des mortels, du fait que je suis un Autre, ou du simple fait que tu ne supporte pas l'idée de te trouver à proximité de quelqu'un de supérieur à toi ? »

J'ai un rire soudain, qui me surprends moi même. Sa déclaration me semble tellement surréaliste, tellement invraisemblable, que seule l'hilarité me permet d'y réagir. Après de longues secondes, j'y mets un terme, avant de lui répondre.

"Excuse-moi, je n'avais rien entendu d'aussi absurde depuis de nombreuses années... Enfin, non, de ma vie. Je ne te hais pas, au contraire, je t'adore. Tu es si naïf et sur de toi, c'est un délice pour les oreilles."

Je m'approche de lui, avant de lui murmurer doucement

"J'espère qu'aux portes de la mort, ta belle assurance s'emmièttera doucement, afin que j'en boive le plaisir jusqu’à ce que ma soif soit calmée... Continue donc ton petit manège d'arrogance, encore, ne t'arrête jamais. Tu sera alors un insecte plus juteux que les autres."

Je le pousse avec un léger coup d’épaule, avant de lui adresser un regard contenant tout le mépris dont je suis capable.

"Allez, mon petit, montre moi donc à quel point tu es supérieur, allons accomplir cette mission !"

Il faut bien motiver la fourmi, pour qu'elle aille au bout de l'objectif commandé par sa reine. Trop stupide pour avancer par elle même, il faut lui donner les bons ordres, de la bonne manière. J'espère qu'une fourmi ne le surclasse pas trop, cependant. Sinon, je vais avoir la plus grande difficulté à commander cet être inférieur.

Par Lyos quelle personne désagréable, mais bon, je n'ai pas bien le choix que de faire cette mission avec elle, je ne vais pas assassiner une personne gratuitement comme ça, ça serait bien dommage.

« Ne t'en fais pas pour mes capacités et mon assurance. Tu auras tout le temps de voir ça par toi même. » dis-je en soupirant.

Je continue de me diriger à l'intérieur du Dungeon. Tout naturellement comme à mon habitude, sans trop m'attarder sur ce qui nous entoure. Les créatures de ces étages ont totalement perdu leur désir d'être agressives envers moi, et elles ont même tendance à se tenir éloigner, comme c'est mignon. Je suis sûr, convaincu et persuadé que l'autre folle est persuadée que c'est grâce à sa terrible puissance et sa grande cruauté. Moi pour ma part, je me contente juste de taper les fleurs qui m'inspirent pas confiance.

« Bon, on va bien finir par la trouver cette terrible fleur. » dis-je à voix haute sans trop m'en rendre compte.

Je suis en train de frapper machinalement ce qui m'entoure, réfléchissant à ce que peut bien être le problème lié au terrible mystère des monstres fleurs. Ça peut être tout et n'importe quoi, mais j'ai bien l'intention d'en finir rapidement, il va m'être difficile de ne peux pas montrer un peu trop cash avec ma coéquipière si le temps commençe à un peu trop tourner.

« Ne t'en fais pas pour mes capacités et mon assurance. Tu auras tout le temps de voir ça par toi même. »

Sa voix ayant soudainement perdu de se superbe, j'en déduis que ma petite provocation l'a refroidi. Tant mieux, un insecte résigné est bien plus facile à contrôler, et celui là semble avoir enfin compris qui était sa reine. Il m'assure même qu'il mettra ses capacités à mon service, ce qui est finalement la chose normale que tout individu censé aurait naturellement fait. For-mi-dable.

Toujours est-il que nous nous enfonçons dans le Dungeon, calmement, mais toujours avec efficacité. Cet endroit est si différent de mon bagne... Tout semble si vert, si pur, si agréable ! L'herbe qui vient se frotter a mes jambes à chaque pas me fait frissonner, mais ce n'est que de plaisir. J'ai l'impression de découvrir un éden, un jardin originel, jamais abimé par la main malhabile de mes congénères dégénérés. Cet endroit devrait m'appartenir, comme le monde le devrais. Avec un peu de travail, et grâce à mon bon sens légendaire, je me sais capable de recréer cet éden sur notre propre planète. Il faut mettre un collier au chiens sans maitres, pour leur apprendre à suivre les règles de l'être qui leur est supérieur - en l’occurrence, moi - La beauté de cet endroit me donne même envie de m'arrêter un moment, pour contempler plus en détail une fleur, que je n'ose toucher, de peur de l'abimer ne serai-ce qu'un peu. Ornée de pétales blancs majestueux, étendards d'une plante royale, mènent l’œil par une habile disposition droit vers le centre de la fleur, donnant un spectacle doré d'une beauté digne a faire pleurer une pierre. Si fragile, si innocente, si éphémère.

Je relève la tête, comblée, pour voir mon congénère au quotient intellectuel limité en train de massacrer allégrement les splendeurs que je venais d'observer. Je lève un sourcil, alors qu'il marmonne dans sa barbe sans nul doute une quelconque injure. Serait-il exaspéré de ne point saisir les subtilités d'un tel ouvrage, et ainsi, pour exprimer sa frustration, il se serait vengé sur les plantes, laissant ainsi entrevoir sa bestialité d'être inférieur ? Sans doute. Lasse, je le regarde faire quelques minutes ,avant de lui demander, commencent à en avoir assez d'attendre.

"N'as tu donc pas fini de massacrer ces fleurs ? Je comprends que leur beauté te dépasse, et que la violence soit la seule réponse que ton cerveau inférieur ait trouvé, mais ne crois tu pas que nous devrions nous remettre en marche ? Je n'aime pas attendre."

En lui rappelant sa condition, j'espère qu'il se souviendra de qui est sa maitresse, et qu'il arrêtera ses singeries. Sinon... le gant de velours devra laisser place à la main de fer.

Par Lyos elle en deviendrait presque peu supportable. Je veux bien qu'on soit mal loti niveau éducation et capacité de réflexion, et les premières fois ont eu tendance à me faire rire, mais mon exaspération va commencer à se faire sentir si elle n'arrête pas tout de suite son char.

« Mais t'as pas bientôt fini de l'ouvrir, t'as pas lu l'intitulé de la quête, Miss Pauvre d'es- »

Je n'ai pas spécifiquement le temps de finir ma phrase. A priori la fleur que je viens de heurter de ma lame a eu une réaction des plus inattendus, et une véritable fleuraison est en train de se produire sous nous yeux. Le problème, c'est que ce qui est en train de fleurir, bah c'est un espèce de labyrinthe. Pas que je déteste spécifiquement ça, sans vouloir me venter je suis plutôt malin, et les labyrinthes ça ne me retient jamais bien longtemps.

Je lance un dernier regard et un petit sourire joueur à Sin avant d'être pour l'instant séparé d'elle. Enfin un peu de paix, c'était si peu demander, finalement. J'aurais su je me serai lancé de manière plus vive dans cette quête. Mais bon, ça ne me fera pas avancer de me réjouir, essayer de comprendre un peu ce labyrinthe.

Et ce que je fini par comprendre au bout de la quatrième bestiole tuée, c'est que ce labyrinthe il est pas spécifiquement bien sympathique. Mais bon, ça m'amuse et ça me détend un peu, les créatures sont rarement hostiles envers moi à cet étage, sûrement dû à mon dernier passage et à notre écart de niveau. Donc ça me permet de me défouler un peu sans avoir trop à craindre, en tout cas pour le moment. Parce que je connais ce genre d'histoire, on va pas sortir tranquille et récupérer la petite fleurette.

C'est justement sur ces pensées que j'arrive à ce que j’interprète comme étant le coeur du labyrinthe, où je vois un petite fleur qui trône en son centre, ine jolie vision ma foi. Une tout aussi agréable pour l'oeil mais moins pour l'esprit est l'arrivée de Sin en ce même endroit, alors que je m'approche de la fleur d'un air nonchalant.

« J'ai déjà eu affaire à une espèce similaire. En général, quand on veut ramener un monstre plante rare, ici, on fini toujours par se frotter à une saloperie. Donc dégaine, et fais de ton mieux pour survivre ; même pour moi elles sont pas commodes. »

D'un air assuré, je tente de me saisir de la petite fleur qui réagit directement en produisant une pulsion magique qui me fait reculer de quelques mètres. Attendu à ce qu'il allait se passer, quelques pas bien amenés me permettre de garder mon équilibre. Voila que je me met presque à danser de manière gracieuse devant une fleur qui se transforme ; dans quel récit comique est-ce que je vais finir ?

Visiblement, mon invective déplais à l'autre, qui semble vouloir me répondre, l'air courroucé. aurai-je trop touché son égo d'être larvaire ?

« Mais t'as pas bientôt fini de l'ouvrir, t'as pas lu l'intitulé de la quête, Miss Pauvre d'es- »

Il n'a même pas le temps de finir sa réponse que nous sommes soudainement séparés par un immense mur végétal. Bien trop grand pour espérer s'en échapper, ou même voir vers où nous allons, il est impossible de voir l'ampleur de la battisse végétale qui venait de faire son apparition. J'ai un soupir, avant de dégainer machinalement mon katana. Je ne suis pas experte en exploration, mais je peux déjà sentir que ce genre de situation peut devenir dangereuse a tout instant. La fourmi m'avait entrainée avec elle dans cette situation, parce que je n'ai pas su refréner son étrange activité. Nul doute, quand nous nous retrouverons, il faudra que je lui fasse comprendre qui domine !

Mais l'heure n'est pas encore aux représailles. En effet, il apparait bien vite que l’immense structure végétale est en réalité une labyrinthe truffé de monstres en tout genre. Bien, l'occasion pour moi de m'essayer au combat. Mais, alors que je me lance dans un duel contre un sanglier, je dois m'avouer relativement déçue. La bête, massive, ne dégage pas la même aura que celle d'un humain, et le découper lentement en petits morceaux ne me procure pas le même plaisir. Je n'ai pas la sensation de détresse qui peut passer dans ses yeux, lorsqu'il comprends que sa vie de bête s'achève ici, que tous ses rêves prennent fin, qu'il est terminé, anéanti, que le monde continuera à tourner sans lui, et que personne ne se souviendra de sa personne... Non, les sangliers sont trop stupides. Quel ennui.

Je m'avance donc tranquillement, ne cherchant pas de stratégie particulière pour trouver la sortie. Des simples végétaux ne peuvent me stopper, ils sont encore plus insignifiants à mes yeux que l'insecte qui m'accompagne. Je leur suis tellement supérieure que rien que l'idée qu'ils puissent m'impacter me semble à mourir de rire. Mais pourtant, après ma deuxième rencontre avec un sanglier, je dois peut être considérer la menace qu'ils peuvent représenter. Certes, me mutiler le bras pour transpercer les bêtes avec mon propre sang est jouissif, mais je commence à avoir un peu froid. Il ne faut pas que j'en abuse non plus ! Je me bande donc mon bras, avant de continuer mon chemin. La troisième rencontre fut donc plus lente, et moins amusante, mais j'ai pu triompher de la bête uniquement avec mon Katana. Ce dernier, abreuvé en sang, semble plus rouge que jamais... à mon image, diabolique.

Finalement, mes pas me mènent au centre du Labyrinthe. J'ai la surprise d'y retrouver la forme de vie inférieure, qui vraisemblablement a su vaincre lui aussi les végétaux. je pensais qu'il n’aurait jamais les compétences pour s'en sortir, mais je suis heureuse de m'être trompée. Au moins, nous nous amuserons un peu ! A peine m'aperçoit-il qu'il commence à parler, sur un ton fort désagréable.

« J'ai déjà eu affaire à une espèce similaire. En général, quand on veut ramener un monstre plante rare, ici, on fini toujours par se frotter à une saloperie. Donc dégaine, et fais de ton mieux pour survivre ; même pour moi elles sont pas commodes. »

Voilà qu'il a pris beaucoup trop d'assurance à mon goût, alors qu'il commence à effectuer une espèce d'étrange danse. Je ne peux comprendre les coutumes d'un être aussi loin de moi, mais je n'apprécie pas la façon dont il ose me parler.

"Je n'ai que faire des recommandations d'un insecte. Par contre, ne m'avais pas tu dis que tu me montrerais tes capacités ? Pour l'instant, je suis fort déçue, tu n'es pas à la hauteur de ce que tu m'as présenté. Alors, je vais juste te regarder te battre. De toute façon, les créatures ici bas sont bien trop faibles pour moi, mais pour l'insecte que tu est, le challenge devrait être à la hauteur. Et, si tu survis, peut être que je considèrerai que je ne perds pas mon temps à t'éduq..."

je ne peux finir ma phrase, car le sol se met à trembler. Comme pour défendre son petit, arraché par l'autre, une gigantesque fleur sors du sol, dépassant d'au moins 5 mètres le plus haut mur du Labyrinthe. Et, plus curieux encore... au niveau du cœur de la plante, une déchirure apparait, déchirure qui laisse entrevoir une bonne 50aine de crocs acérés, tandis que les feuilles de la plante s'allongent, comme pour venir nous faucher. Impressionnant bestiole ! Je me demande si le petit être arrivera à la vaincre, ou si sa pathétique existence va s'arrêter ici. J'en suis fort curieuse.

Et la voila qui recommence à faire sa diva et à ne pas écouter ce que je lui raconte. Ça va lui faire tout drôle quand la bestiole va se pointer.

« Je n'ai que faire des recommandations d'un insecte. Par contre, ne m'avais pas tu dis que tu me montrerais tes capacités ? Pour l'instant, je suis fort déçue, tu n'es pas à la hauteur de ce que tu m'as présenté. Alors, je vais juste te regarder te battre. De toute façon, les créatures ici bas sont bien trop faibles pour moi, mais pour l'insecte que tu est, le challenge devrait être à la hauteur. Et, si tu survis, peut être que je considérerai que je ne perds pas mon temps à t'éduq.. »

Et bah tiens, la voila justement qui se fait couper en pleine tirade par un petit tremblement de terre. Et une fleur beaucoup trop grande pour ce que devrait être une simple fleur se ramène pour essayer de... bah de nous faire la peau, a priori. En tout cas c'est bien ce que m'indique cette racine, toujours bien trop grande pour ce qu'elle est censée être, qui vient nous fondre dessus par la gauche. Je plante violemment mon épée dans le sol, et la liane vient s'entrechoquer contre ma lame ; la racine est coupée net, mais mon épée se fait décocher du sol et je suis repoussé sur quelques mètres, pas facile la bestiole !

« Et bien et bien, c'est qu'elle est pas commode la grosse bête. » dis-je avec un sourire mi-provocateur mi-amusé

Et voila qu'elle ne tarde pas à revenir à l'assaut. En quelques secondes c'est une pluie de lianes que je dois esquiver en dansant à travers ce déluge mortel. Ma lame tournoie fluidement dans mes mains, venant trancher cette verdure bien trop agressive à mon gout. Petit à petit, j'arrive à me frayer un passage jusqu'à la plante elle même et réussi à lui placer un coup, lui laissant une belle entaille. Mais un flot de racines au corps à corps, bon... je vais pas prendre trop de risque et me décider à reculer quand même. Meilleure chance au prochain assaut.

Vraisemblablement, la créature qui m'accompagne, à défaut d'avoir de grandes capacités spirituelles, se débrouille bien dans tout ce qui concerne les domaines plus bestiaux. Tranchant, tourbillonnant, il manie sa lame avec dextérité, et semble bien se débrouiller face aux assauts de la gigantesque herbacée. D'un autre côté, ce n'est pas si surprenant, cet être si stupide ne pouvais pas être vraiment totalement bon à rien. Il serait mort, sinon.

Cependant, l'observation pure et simple du combat commence à me lasser. Voir deux choses aussi peu importantes s'entretuer sans arriver à se tuer l'un et l'autre est d'un ennui mortel. Tout manque de finesse, d'intelligence, d'intérêt. Je commence à regarder autour, à la recherche d'une plus grande source d’intérêt, lorsque la fleur décide de m'attaquer en parallèle de l'autre insecte. J'ai un soupir en esquivant un jet de racine de justesse, ce qui me laisse le temps de dégainer mon katana, alors que les assauts herbeux reprennent. Ce combat dans lequel je m’engage alors ne me procure littéralement aucune sensation. Mon épée, si rutilante lorsqu'elle se nourrit de sang, semble comme ternie par son rôle si grossier, celui de découper simplement de l'herbe, et je partage son avis. Aucun sang giclant, aucune sensation de blesser la plante qui m'attaque, aucune émotion vécue par cette dernière. C'est d'un lassaaaaant ! J'ai un bref regard pour l’insignifiante créature encore occupée à se battre, me demandant quel intérêt il peut trouver dans une telle existence, définitivement insipide. M'enfin.

« Et bien et bien, c'est qu'elle est pas commode la grosse bête. »

Sa formulation me fait m'interroger un instant, me figeant alors que mon bras et sa lame continuent leur travail grossier, si dégradant à mes yeux. Alors, il considère la végétation en face de nous comme une bête, lui insufflant même des émotions. Bien que ça ne soit qu'une plante. Il serait donc incapable de faire la différence entre une véritable vie et un simple objet ? Quelle déchéance.

"Je crois que j'en ai vu assez."

Assez de ce combat qui m'ennuie, assez de tenter de comprendre un être dont l'intelligence est tellement faible. Alors que, jusqu’à présent, je ne faisait que me défendre, je décide de passer à l'action. Je tends mon bras gauche, qui se fait transpercer par deux racines affutées, m'arrachant un hoquet de douleur. Puis, je tranche rapidement les racines, avant d'arracher le reste planté avec mes dents, laissant couler le sang. Rien de plus simple ensuite, katana dans ma main droite, je charge directement la plante, mon katana tranchant les racines convergeant dans ma direction tout en tournant sur moi même, alors que la lance formée de mon sang fonçait droit sur la plante, insensible aux diverses racines tentant de la trancher au vol. Un dernier tourbillon, ou deux racines me blessent, échappant à ma garde, une au ventre et une autre à la cuisse droite, et me voilà toute proche de la plante mère. Dirigeant mon hémoglobine sur sa tige principale, le choc violent provoqué par la rencontre entre les deux se fait ressentir dans tout mon corps, alors que des taches sombres commencent à passer devant mes yeux. Pour avoir vidé de leur sang de nombreux corps, je sais très bien à partir de quel point critique les gens commencent à mourir tout seuls. Et que je ne suis pas si loin de ce seuil.

Il faut donc espérer que mon assaut aura été suffisant, ou je devrais commencer à sévir.

Et bien et bien, ce combat est tout de même un peu plus amusant que ce à quoi je m'attendais. J'en ai même un petit sourire en esquivant les coups de la créature ésotérique qui se tient devant moi. Et je peux même remarquer que ma très chère camarade s'est décidé à se donner un coup de fouet et à venir m'aider, ou plutôt à mettre fin au "spectacle dérisoirement inintéressant qui se passe sous ses yeux", si je me mets à réfléchir comme elle.

Il faut d'ailleurs bien que j'avoue qu'elle est plutôt douée, et que voir une aussi jolie femme danser entre les attaques de la plante alors qu'elle découpe habilement quelques racines. Ce style de combat ne m'est d'ailleurs pas inconnu, il est même assez proche du mien... On aurait suivi les mêmes préceptes martiaux ? Pour ma part je n'ai plus aucune idée d'où j'ai appris à me battre, donc bon.

« Et bien ma foi, tu n'as pas qu'une grande gueule, tu te débrouilles aussi pas trop mal avec un épée. Allez, faisons en sorte que tes quelques tentatives n'aient pas été vaines. » dis-je d'un air narquois en me lançant à l'assaut de la créature déjà bien affaiblie.

Vu les dégâts que Sin lui a infligé, ça devient un jeu d'enfant d'esquiver les quelques lianes qui viennent encore essayer de m'agripper. Et atteindre le cœur de la plante est dérisoirement plus facile que la première fois. Je viens poser ma main sur cette dernière, et un violente vague magique émanant de mon corps vient le réduire à néant, alors que la créature s'effondre dans un dernier gigotement.

Je vais tout de même tendre la main à Sin pour l'aider à se tenir debout, elle a l'air d'avoir utilisé pas mal de ressources.

« Oui je sais, tu vas me dire que tout cela est grâce à toi et que sans ton grandiose assaut je n'aurais pas eu la moindre chance face à la bestiole. Je t'en dirais simplement que je m'en moque et que tu l'air d'avoir besoin de soutien pour ne pas t'effondrer. Après, tu fais ce que tu veux de mon élan de bonté passager. »

Dans l'autre cas, j'aurai juste à te placer un coup dans la nuque pour que tu t'effondres histoire de pouvoir te ramener tranquillement hors du Dungeon. Je ne vais clairement pas me coltiner une coéquipière en train de se vider de son sang et qui refuse de l'aide. Et malheureusement pour elle, je ne l'apprécie pas assez pour pouvoir la soigner, au contraire.

La pauvre forme de vie qui m'accompagne, bien qu'excessivement limitée, avait pourtant compris que dans son intérêt, il était essentiel qu'elle m'accompagne dans mon assaut. Alors, a peine ma lance de sang ayant atteint son objectif, l'humain, tourbillonnant encore dans une chorégraphie barbare, qui serait tellement plus agréable à suivre dans un combat sanglant... Mais qui reste efficace. Il parvient à arracher le cœur de la plante, alors que je repousse de nouveau quelques assauts, préservant mon corps d'autre dommages. Non pas que je tienne a préserver ma beauté vénusienne, sachant pertinemment que, par ma nature, elle était inaltérable, mais plus par un souci d'économie de sang. En avoir utilisé pour une cause aussi basse qu'un combat contre une plante était déjà insultant, alors il était hors de question que je lui en donne encore plus.

Une fois le combat tout à fait fini, alors que je bande mes plaies d'une main experte, l'insipide Abyss vient me tendre la main, geste amical pour les humain. Je lui lance un regard perplexe, alors qu'il m'explique.

« Oui je sais, tu vas me dire que tout cela est grâce à toi et que sans ton grandiose assaut je n'aurais pas eu la moindre chance face à la bestiole. Je t'en dirais simplement que je m'en moque et que tu l'air d'avoir besoin de soutien pour ne pas t'effondrer. Après, tu fais ce que tu veux de mon élan de bonté passager. »

Je plisse les yeux, essayant de mieux saisir sa pensée, tellement étrange pour mes capacités supérieures. Il se moque d'une évidence, et, au lieu de reconnaitre ma supériorité, préfère simplement l'ignorer pour ne pas se remettre en question. Sa stupidité est tellement éblouissante qu'elle pourrait rendre aveugle quiconque s'en approcherait un peu trop ! Cependant, pour ne pas le froisser, j'accepte d'attraper sa main. Peut être qu'il me jugera un peu plus amicalement, ayant respecté les étranges codes de la race humaine.

"Je te pensais capable de vaincre une fleur, mais je me suis trompée. Il faudra que je me montre plus prudente à l'avenir, et que je ne surestime pas les humains qui m'accompagneront. Il serait dommage que je me fasse exécuter parce que tu t'es tué tout seul à cause de ton incompétence, n'est-ce pas ?"

L'homme m'ayant remise debout, je finis de me bander le bras, stoppant le saignement. Quelques taches sombres passent encore devant mes yeux, mais je n'y prête pas trop attention. Cela veut juste dire qu'il va falloir que je n'abuse pas trop sur mon pouvoir. Je lance alors un regard autour de nous, étonnée par la disparition du labyrinthe.

"Tiens donc, la structure a disparue avec le monstre. Les deux étaient sans doute liées...  Put être pourrions nous commencer la véritable quête, maintenant ?"

Cette petite distraction était d'un ennui mortel, et j'espère bien que la suite sera plus intéressante. avec un peu de sang, si possible... J'ai besoin de calmer mes pulsions, qui se font de plus en plus insistantes !

Au moins elle a l'air un temps soit peu raisonnable ; le minimum syndical requis pour ne pas avoir l'air d'une créature formatée pour être absolument invivable, mais c'est mieux que rien, je suppose. Je la toise un peu alors qu'elle se relève, elle a tout de même l'air vachement amochée. Mais bon, cela ne l'empêche pas d'utiliser son verbe limité pour essayer de tisser encore une fois une relation de supériorité avec le monde, qui me fait esquisser un petit sourire.

Ce qui me laisse par contre perplexe, c'est sa façon de parler d'une quelconque "véritable quête", et je recommence encore une fois à la toiser de mon air mi-amusé mi-dominateur.

« Ah.. oh, je viens de comprendre sur quel genre d'énergumène je viens de tomber.. Excuse-moi, j'aurais tout de suite opté pour un comportement plus conciliant si j'avais su. Enfin.. pour t'expliquer.. c'était ça la quête, en fait. Il fallait juste venir chercher une plante à la.. bref, dans ce Dungeon, et c'est chose faite. »

Je me retiens assez fort de ne pas rire, il faut bien l'avouer. Mais bon, en un sens ça lui donne un petit côté mignon, cet être si frêle et non éduqué qui veut se donner un air de femme supérieure à la masse, on dirait Umeki qui n'a pas eu d'éducation. Sur ces entrefaits, je commence à me diriger vers la sortie d'un air hagard.

« Je pourrai te donner des leçons de lecture, et aussi t'apprendre à te servir correctement de ta lame. Tes mouvements manque de... spécificité, tu as dû avoir un bien piètre professeur. En parlant de cela d'ailleurs, où as-tu appris ce style qui m'apparaît si familier ? »

Dans un petit rire amusé, je continue ma route, en me demandant déjà sur quelle mission j'allais pouvoir enchaîner.

Je vois que ma question lui donne immédiatement un air amusé, qu'il réprime bien mal, ce qui me rends confuse. Qu'ai je pu donc dire qui lui donne ce sentiment ? La nature humaine m'échappe totalement, c'est maintenant clair.

« Ah.. oh, je viens de comprendre sur quel genre d'énergumène je viens de tomber.. Excuse-moi, j'aurais tout de suite opté pour un comportement plus conciliant si j'avais su. Enfin.. pour t'expliquer.. c'était ça la quête, en fait. Il fallait juste venir chercher une plante à la.. bref, dans ce Dungeon, et c'est chose faite. »

Il vient juste de comprendre que je suis infiniment supérieure à lui ? C'était pas trop tôt. Enfin, je ne peux cacher ma déception lorsqu'il m'annonce que la quête consistait juste en ce massacre de plante. C'était si indigne de mon déplacement, j'ai du mal à comprendre pourquoi m'avoir engagée, moi.

"Ils auraient pu trouver des jardiniers, c'était d'un sans intérêt..."

Nous reprenons notre route vers la sortie, alors que je rengaine ma lame de rubis, qui n'aura pas pu scintiller de joie aujourd'hui... Il faudra que je l'abreuve en sang, ne serai-ce que pour qu'elle conserve son éclat si sanglant, si beau. Mais voilà que l'insecte recommence à bourdonner.

« Je pourrai te donner des leçons de lecture, et aussi t'apprendre à te servir correctement de ta lame. Tes mouvements manque de... spécificité, tu as dû avoir un bien piètre professeur. En parlant de cela d'ailleurs, où as-tu appris ce style qui m'apparaît si familier ? »

Je plisse les yeux, comprenant que malgré son intellect limité, il avait compris que je ne savais pas lire. Cependant, il n'en a point la preuve. Quand au maniement de la lame.. Certes, je n'ai aucune pratique, car posséder une lame en prison est tout de même illégal, mais je me débrouille forcément bien, vu que ce qui semble complexe à un simple humain décérébré m'est facile.

"Je ne vois pas l’intérêt de lire une quête, étant donné que des lar... des compagnons peuvent m'indiquer quoi faire. C'est plus intéressant. Et je n'ai jamais eu de professeur de lame, cependant je n'en ai guère besoin. Agiter une lame n'est pas un exercice très difficile. En réalité..." je fais une courte pause, me rappelant un peu de mon passé. "Je me base sur l'unique personne que j'ai vue manier une lame de ma vie. Un drôle de type, il y a plus d'une dizaine d'années maintenant."

Je plisse de nouveau les yeux, me demandant pourquoi je prenais la peine de répondre à ses questions. Après tout, ce n'est pas comme si j'accordais du crédit à ce qu'il pense de moi. Cependant, j'ai un nouveau soupir en réalisant que je venais de lancer ce que les êtres inférieurs appellent une conversation. J'allai devoir poser moi aussi des questions, sous peine de paraitre inamicale. Quels codes stupides.

"Et tu as appris à... à te battre comment ?"

Je me fous absolument de sa réponse, j'ai même du mal à formuler ma question. Quelle barbe.

Comme quoi j'arrive tout de même à en tirer quelques réponses, même si elle n'a pas la parole la plus sympathique du monde. Elle a l'air d'avoir un complexe de supériorité assez important, on pourrait même parler d'un complexe de déité, à ce niveau là. Et elle n'a clairement pas l'air de saisir l'intérêt de la quête, ni en quoi elle aurait pu poser quelconque difficulté. Le genre de personne à mourir rapidement car elles ne savent pas délimiter leurs capacités, mais enfin, ce n'est pas spécifiquement de mon intérêt.

Encore et toujours de petits lapsus révélateur de son complexe, elle finie tout de même par finir et compléter ses explications. Ma foi, c'est un niveau honorable qu'elle a atteint si elle n'a jamais eu de professeur, je suppose. Son discours est forcé et peine à sortir, mais bon, cela permet de passer le temps jusqu'à notre arrivée à l'extérieur.

« Je ne sais pas, j'ai perdu la mémoire, les seuls moments de ma vie dont je me souviens datent d'il y a quelques mois. Je me suis réveillé dans une ruelle avec mes connaissances de base, et mon nom, ni plus ni moins. Donc en un sens, j'ai toujours su manier cette lame comme je la manie aujourd'hui. »

Enfin, nous voila enfin arriver à l'extérieur, je prends directement le chemin le plus court pour aller rendre la quête et en chercher une nouvelle à commencer, il faut que je m'occupe l'esprit, sinon je vais finir par m'ennuyer, et je déteste m'ennuyer.

« Et voila, une bonne chose de faite pour aujourd'hui, voyons voir s'il n'y a pas plus intéressant. Un peu de repos et je m'y relance, faut encore que je me dégourdisse un peu les pattes avant de tenter le boss d'étage. »

L'insecte me réponds, dans un bourdonnement qui ne fait rien de plus que m'irriter.

« Je ne sais pas, j'ai perdu la mémoire, les seuls moments de ma vie dont je me souviens datent d'il y a quelques mois. Je me suis réveillé dans une ruelle avec mes connaissances de base, et mon nom, ni plus ni moins. Donc en un sens, j'ai toujours su manier cette lame comme je la manie aujourd'hui. »

Amnésique, hein ? Je comprends mieux son étonnante stupidité. Il doit avoir perdu toutes ses capacités cognitives, ce qui fait l’espèce d'insignifiante chose qu'il est aujourd'hui. Il est cependant étonnant de constater qu'en dépit de tout le reste, même moi doive reconnaitre ses capacités en maniement de lame. Peut être que lorsqu'un être inférieur perds la mémoire, il se raccroche à ce qui compte le plus pour lui ? Hm. Enfin, de toute façon, je 'en fiche. J'avais dit que je m'en fichais. Je n'ai pas à écouter ce qu'il me raconte.

Nous continuons à marcher dans le Dungeon, qui brille par son abscence de monstres. C'est curieux, on m'avait pourtant dit que la place était bien plus dangereuse que ça. Il semble évident que l'aura meurtrière qui émane de moi les a dissuadé de nous attaquer. Lucide. Même si j'aurai bien aimé avoir un peu de sang pour ma pauvre lame, qui a du endurer la plante sans même s'amuser un peu. Mais, il faudra bien qu'elle attente, comme moi. Le combat sanglant arrivera bien assez vite ~

Nous sortons finalement, et la transition entre le calme relatif du Dungeon et le vrombissement de la ville est assez étrange. Tous ces humains, entassés, stupides... Quelle ignominie, ça me dégoute. Je suis l'homme, et nous allons rendre la quète. Enfin, je m'en charge, alors qu'il est allé chercher une nouvelle mission.

"Alors, vous n'avez pas eu trop de mal à tuer quelques loups, ma petite dame ?"

Je soupire, souriant avec grand peine à cet imbécile de guichetier, vraiment trop limité pour voir ma toute puissance.

"Oh, non, nous avons vaincu l'espèce de plante au milieu du labyrinthe... D'un ennui mortel, si vous voulez mon avis. Voici la plante en question, d'ailleurs."

L'immonde moustache du type frémit, alors qu'il examine la plante en question, prenant un temps qui m'arrache un soupir las. Finalement, il redresse la tête, me confirmant qu'il s'agit de la bonne plante, me lançant un regard un peu plus... étrange. J'empoche la récompense et je me dirige vers le jeune homme qui m'avait accompagné, lui tendant sa part.

"Je devrais tout garder pour moi, mais j'ai cru comprendre que la société voyait ça mal... Enfin bref. J'espère pour toi que le boss d'étage est à ton niveau pathétique, sinon on te retrouvera en petits morceaux... A un jour, peut être."

Sur ce, je tourne les talons, rentrant vers chez moi. Je n'ai aucune envie de le recroiser encore, à vrai dire, il avait été inutile à souhait. Mais, d'un autre coté, tous les humains me seront toujours inutiles. Alors, au milieu des personnes extrêmement insignifiantes, quelqu'un de très insignifiant est un choix logique, non ?

Sauf si je le bute, un de ces 4. Une fois que je l'aurai bien utilisé.