L'art du travail bien fait (PV - Helena)

Que dire de ce trainassant après midi, dont les lueurs orangées viennent illuminer le 4eme étage, et donc la fraiche brise laisse sous entendre la disparition progressive de l'été, pour le rapprocher d'un automne plus froid, plus rigoureux, précurseur d'un hiver bien plus intense ?

Qu'il est d'un ennui mortel.

Une fois encore, je m'étais rendue dans le Dungeon, afin d'y accomplir une mission. Une histoire de loups à tuer, si l'insipide personne m’accompagnant avait bien rendu compte de l'objectif de cette dernière. Oui, insipide. Extrêmement silencieuse, elle semble agir comme un pantin, comme si rien ne pouvait l'affecter. Nous avions beau avoir crapahuté pendant plus d'une heure, elle n'avais pas dit mot. Peut être qu'elle est intimidée par mon charisme naturel, et subjuguée par l'autorité qui se dégage de moi, mais en général les petits vers de terre préfèrent se cacher ou se rebeller. Ils ne sont pas juste... Insipides.

"N'y a t'il donc aucun loup par ici ?!"

Excédée, je ne peux garder encore plus longtemps en moi ce qui me gache ma journée. Je ne suis la larbin de personne après tout, et si les loups sont introuvables, ils n'ont qu'a trouver une harpie pour faire leur recherche dénuée d'intérêt. J'en ai ras-le-bol. Et, quitte à tout dire, je lance un regard méprisant envers ma compagne, que le manque total d’intérêt à mes yeux a relégué au même niveau qu'un simple meuble, même pas amusant à fracasser.

"Et toi, pourquoi tu dis rien ? Tu as perdu l'usage de ta langue, ou tu es juste une de ces lunatiques qui rêvassent à longueur de journée ?"

Mon ton, moqueur, est tout sauf sympathique. Et puis, si elle décide de vraiment rester muette, peut-être que je devrais lui arracher la langue moi même. Ça lui donnera une bonne raison de se taire, et, au moins, ça m'amusera.

C'était un après-midi tout ce qu'il y avait de plus normal dans le donjon, tout du moins au début. Helena avait accepté une mission relativement simple, tuer des loups. Cependant elle n'était pas seule, une jeune femme à la couleur de feu l'accompagnait. Cette dernier semblait avoir dans la vingtaine et était bien plus grande qu'Helena.

Comme à son habitude, Helena ne parlait pas, préférant se focaliser sur les loups, qui semblait être absent. Cela avait du ennuyer la jeune femme car elle fit une remarque qu'Helena préféra ignorer. Tout du moins... ce fut le cas jusqu'à la deuxième remarque, qui était surement sarcastique .

"Et toi, pourquoi tu dis rien ? Tu as perdu l'usage de ta langue, ou tu es juste une de ces lunatiques qui rêvassent à longueur de journée ?"

Cette remarque en aurai blessé beaucoup ou les aurai fait réagir avec colère, mais Helena préféra simplement répondre de sa faible voix, tout en la regardant dans les yeux d'un regard froid qui en aurai fait fuir plus d'un.

“Je suis désolée... Je ne suis pas du genre bavarde. Je préfère me concentrer sur la tache en cours et me taire...”

Son asociabilité aura une fois de plus pris le dessus... l'empêchant de réellement dire ce qu'elle pensait vraiment, à savoir que cette remarque l'avait énervée. Une fois qu'elle dit ce qu'elle avait à dire, elle se reconcentra sur la tache en cours, à savoir trouver les loups pour les tuer, mais cela ne dura pas longtemps...

“Je suis désolée... Je ne suis pas du genre bavarde. Je préfère me concentrer sur la tache en cours et me taire...”

Son regard se plante dans le mien, et malgré son ton et ses mots, je lis en elle qu'elle n'est pas vraiment désolée, comme elle essaie de me le dire. Au contraire, j'ai presque l'impression d'y voir une lueur de défi, une froide résolution qui aurait sans doute fait fuir la queue entre les jambes n'importe quel toutou. Seulement voilà... celle qui crée les toutous, c'est moi. Et le regard glacé d'une forme de vie insipide ne m'affecte pas. Au contraire, je n'ai qu'une envie, la torturer jusqu’à ce que ce regard fonde, jusqu’à ce qu'elle me supplie, qu'elle perde petit à petit tout ce qui faisait d'elle une personne humaine. Et qu'elle reconnaisse que je suis sa divinité, sa maitresse, que je lui suis infiniment supérieure.

"Oh, comme j'aimerais faire de toi mon jouet, t'écorcher doucement. Alors, là, tu crierai. Ca serait fort agréable." J'ai un petit soupir, me rappelant ma condition "C'est fort dommage pour toi, si je tue de nouveau une personne, on m’exécutera. Je ne peux te montrer le chemin vers l'exaltation, j'en suis désolée."

Je hausse les épaules, avec un petit sourire qui se veut navré en direction de l'insecte qui me tiens compagnie. J'espère ainsi, en adoptant les codes des humains pathétiques, qu'elle comprendra que j'aurai adoré la tuer, et que mes intentions sont pures et vertueuses. Puis, je regarde de nouveau aux alentours, pour tenter d'y apercevoir un loup, ou quelque chose à taper, a défaut de ma jeune compagnon. Mais une fois encore, l'étage dans lequel nous nous situons semble calme, très calme. Je n'y vois même pas un seul aventurier. Attendez... Cela m’inspire une idée.

"Tu sais, il n'y a vraiment personne ici ! Si je te tuais, personne n'en saurai jamais rien ! Et je pourrai te faire crier, personne ne pourrait t'entendre !! Je n'aurai qu'a dire qu'un loup t'a tué, que c'était un incident, ils n'auront pas de preuve... Oh, ça fait si longtemps que je n'ai pas tué quelqu'un, qu'en pense tu ?"

Un sourire béat s'est installé sur mes lèvres, alors que je fais cette constatation à voix haute. Alors, c'est ainsi ? j'aillai pouvoir tuer quelqu'un de nouveau ? J'espère que mon gibier sera aussi savoureux que je le pense, qu'il calme mes pulsions... au moins un temps.

“Oh, comme j'aimerais faire de toi mon jouet, t'écorcher doucement. Alors, là, tu crierai. Ca serait fort agréable. C'est fort dommage pour toi, si je tue de nouveau une personne, on m’exécutera. Je ne peux te montrer le chemin vers l'exaltation, j'en suis désolée."

Ces mots firent réagir Helena mais elle le cacha en restant impassible. Maintenant elle n'avait qu'une envie, la tuer, mais elle savait qu'elle ne pouvait faire ça si il y a des témoins. C'est pourquoi elle fit mine de ne pas écouter ce que la femme à la chevelure de feu dit et observa les alentours, comme elle le ferai pour essayer de trouver les loups. Pas le moindre signe de vie, elle savait que si que si elle le voulait elle pourrai la tuer sans le moindre témoin.

"Tu sais, il n'y a vraiment personne ici ! Si je te tuais, personne n'en saurai jamais rien ! Et je pourrai te faire crier, personne ne pourrait t'entendre !! Je n'aurai qu'a dire qu'un loup t'a tué, que c'était un incident, ils n'auront pas de preuve... Oh, ça fait si longtemps que je n'ai pas tué quelqu'un, qu'en pense tu ?"

La criminelle elle-même avait constaté cela. C'était donc l'occasion parfaite pour agir.

"En effet... Il n'y a personne. Cela veut donc dire que je vais pouvoir purger cette terre d'un criminel supplémentaire. Mais je dois te remercier, tu viens de me donner le mobile et l'alibi parfait pour te tuer sans risque. Maintenant je te prierai de bien vouloir mourir."

Elle se tourna vers la jeune femme tout en dégainant sa fourche. Le combat était inévitable et elle savait qu'elle n'avait pas forcément l'avantage mais elle n'était pas non plus en désavantage. Ni l'une ni l'autre ne savait quoique ce soit sur l'autre si ce n'est ce qui pouvait être visible. Helena se mit en position prête à riposter tout en observant ce qui était maintenant devenu son ennemie.

Mon exaltation ne fait qu'aller crescendo lorsque je constate que la jeune fille souhaite me combattre. Oh, elle sera donc une proie plus difficile à attraper que plaisir, ce qui ne rendra sa chair que plus délicieuse. Elle aurait pu se recroqueviller, paniquer, pleurer, fuir, mais non. Elle reste là, avec cette délicieuse expression, qui me donne envie de lui arracher les yeux pour les conserver sur moi, comme un porte bonheur. J'y vois une telle détermination, un tel désir de tuer, que la briser lentement, et la transformer petit à petit en loque rampante sera simplement délicieux, succulent, grandiose, infinitésimalement exaltant ! J'en tremble presque, j'en ris, j'en pleure. Quel délice.

"En effet... Il n'y a personne. Cela veut donc dire que je vais pouvoir purger cette terre d'un criminel supplémentaire. Mais je dois te remercier, tu viens de me donner le mobile et l'alibi parfait pour te tuer sans risque. Maintenant je te prierai de bien vouloir mourir."

Ouh, j'ai un frisson de plaisir au mot criminelle. Et un nouveau à l'évocation de ma mort. Une telle soif de victoire, on dirait presque qu'elle tire autant de plaisir à purger cette terre des divinités comme moi que je ne prends de plaisir à écraser des vermisseaux. C'est, de toute évidence, une rencontre fort surprenante, et très agréable.

"Débats toi, petite fille. Distrais moi, et je me souviendrai de toi, même une fois que tous les os de ton petit corps seront brisés, et une fois que ton visage lacéré, sera comparable au monstre qui vit et grandis en toi !"

Je conclus cette déclaration d'un grand rire. Un monstre, voilà ce qu'elle possède. Tuer des déesses comme je tue des insectes nécessite forcément une perversion interne de l'âme, une déformation, une mutation. Ce qui fait de moi un être supérieur fait d'elle une abomination, et son élimination ne sera que plus délicieuse. Elle dégaine une fourche, alors que je sors délicatement mon katana de son étui. La lame, rouge sang, semble comme avide, désireuse de se nourrir d'hémoglobine. Je lui chuchote, doucement, comme pour rassurer un enfant.

"Chtt, chtt... tu aura bientôt ce que tu désire"

Puis je la tends en direction de le jeune fille, me délectant d'avance. Avant de simplement charger dans sa direction, la lame tendue en avant, dirigée vers son corps. Plus précisément son épaule droite. Avec un peu de chance, je pourrai la clouer au sol, et la torturer en toute impunité !

Un monstre. C'est ainsi que la jeune femme désignait Helena, bien qu'indirectement. Cela cependant ne l'affecta pas. Elle était déterminé à la tuer rapidement si possible, bien qu'elle savait que cela n'allait pas être le cas. Elle la vit dégainer et parler à son katana, ce qui confirma bien ce qu'elle pensait, cette femme était probablement folle. La femme à la chevelure de feu alors chargea Helena, probablement dans le but de clouer Helena au sol, mais une attaque aussi simple signifie généralement une feinte. Parer l'attaque était hors de question vu que la criminelle avait probablement plus de force qu'Helena, il lui restait qu'une option... l'esquive, ce qu'elle fit sans trop de problème d'un simple pas de côté, suivi d'un bond arrière pour recréer une distance entre elle et son ennemie. Si il avait une feinte, elle était sûre d'être assez loin pour ne pas se faire avoir.

Le premier mouvement avait été fait et Helena put remarquer que son ennemie ne semblait pas faire dans le subtil à première vue, néanmoins la juger en une seule attaque serai être commettre une grave erreur. C'était maintenant à son tour d'attaquer et elle comptait bien utiliser un atout qu'elle seule possède, même si l'utiliser si tôt pourrait s'avérer fatal par la suite. Elle attendit le moment où son regard croisa celui de son assaillant pour créer une illusion d'elle lançant plusieurs couteaux. Elle comptait profiter de l’illusion pour charger à son tour la jeune femme, mais avec pour but d’empaler le cœur de cette dernière. Si cela marchait, elle pourrait alors terminer ce combat futile en un seul coup, mais si elle échouait... elle pourrait se trouver en difficulté.