Ils étaient entrés depuis un moment déjà, une mission de ‘‘routine’’ semblait-il, une simple expédition. Rien de fou, même pour le Dungeon, Dungeon au sein duquel son compagnon, Vincent, avait passé toute une nuit. Voilà ce que se répétait Sano pour se rassurer. Cependant, il ne parvenait point à échapper à cette sensation infecte l’ayant prise à leur arrivée.
Il y eut tout d’abord le vertige, un mal auquel l’archer n’aurait jamais cru être confronté. Il avait escaladé les immenses falaises rocheuses des alentours de Seto, par entrainement comme curiosité personnelle. Il s’était déjà perché lui-même en situation instable qui aurait pu le projeter vers une fatale chute. Pourtant, Sano fit un subtil mouvement vers l’arrière lorsqu’ils se retrouvèrent au pied du colosse et que ses prunelles sombres se révélèrent incapables d’en discerner le sommet. Puis, vint l’indicible écœurement quand les murs se mirent à frémir devant eux. Une lente vague indescriptible, amalgame mouvant de pierres et de matière que la science et même – qui sait – la magie ne saurait expliquer. L’archer en avait lu des choses, à ce sujet. Comme quoi le Dungeon se modifiait, comme quoi il donnait l’impression formelle à certains d’être
vivant.
Lyos. S’agissait-il réellement de la création de leur dieu à tous ?
Sano prononça quelques prières muettes tandis qu’ils franchissaient l’infâme ouverture poussiéreuse.
A présent qu’ils avançaient – comme énoncé plus tôt – les choses n’allaient pas vraiment mieux. Le jeune homme se reposait sûrement un peu trop sur l’entrain et le rayonnement de bravoure du dénommé Duke pour apaiser son esprit. Ezhil était silencieux, laissant son équipier passer au-devant pendant qu’il surveillait leurs arrières. Un grondement grinçant, une flèche sifflante et le son d’un os qui se brise tandis que le projectile se plante dans le crâne de ce sanglier caché dans les fourrés, partis pour les charger. Une inspiration profonde, soupir de soulagement. C’était un beau tir qui prouvait que, bien heureusement, il n’avait rien perdu de son entrainement. Un regard aux alentours et Sano se dirigea promptement vers la carcasse pour y récupérer sa flèche. Intacte. Quelle chance. Pourvue que celle-ci continue de leur sourire durant cette mission.
Si Sano n’avait été au courant, il aurait traité de fou celui qui lui aurait affirmé qu’ils se trouvaient à l’intérieur d’une Tour. Le paysage qui se présentait devant eux n’en possédait absolument rien. Une végétation omniprésente et grimpante, une absence totale de murs, de toits –
où étaient passés ceux qu’il voyait depuis l’extérieur ? – et de la brume …non. Des nuages. C’était incompréhensible. Une incompréhension qui se mua en inquiétude lorsqu’ils atteignirent les escaliers. Ou plutôt, les marches disparates et flottantes qui servaient d’escaliers.
« N’y a-t-il aucun autre moyen de passer aux étages supérieurs ? » Osa-t-il demander. Il ne fallait pas écarter la moindre possibilité.
[ Carquois : 20 Flèches ]