Mission [Rang F] La fin du rêve | Terminé |

Tuez une quinzaine de ces saletés...

Je lisais le papier une dernière fois en m'attardant sur cette phrase qui me paraissait assez légère pour leur cas. Après tout, ce n'est pas en en tuant une quinzaine qu'ils régleront leurs problèmes de surnombre. Ma foi, pour moi, c'est l'expérience qui m'intéresse pas leurs jurons et leurs tons maigrichons et insatisfaits. On est dans le Dungeon ici, c'est pas le carré de sable de la maternelle, c'est normal qu'il y ait autant de monstres un peu partout. Je soupirais, marchant sur le sentier du premier étage. Ma première mission. Ce n'est pas la glorieuse première mission que je rêvais de faire, je fais le ménage dans les étages... magnifique ! Mais bon, c'est tout ce que je peux faire pour l'instant. Ma lance accrochée dans mon dos, j'avais assez de confiance pour m'aventurer dans cet endroit. Ma vision du Dungeon était plus restreinte et voir ses grandes étendues de forêts luxuriantes m'époustouflaient. Il n'y a pas à dire, nous les aventuriers, on en a de la chance de pouvoir venir ici. Me perdant dans mes pensées abstraites, je continuais de marcher, m'enfonçant encore plus profondément dans la forêt aux milles mystères.

Revenant de mon absence d'attention, je remarquais un bruit de pas feutré dans l'herbe, à ma gauche. Prétextant me baisser, j'esquivais d'une roulade frontale pour éviter à un loup de me sauter dessus. Me retournant pour lui faire face, ma lance à la main, je me positionnais en mode défense. Du coin de l'oeil je voyais deux loups qui me faisaient dos. Ils attendaient la bonne occasion pour fondre sur moi. Je n'allais pas leur en laisser le temps :

Pivot rotatif sur la droite, je tends ma lance vers le bas avant de foncer sur le loup de devant et de faire une remontée, tranchant la droite du cou de ce dernier. Son regard plaintif alors que ses deux comparses arrivent sur moi. Mouvements du bassin, je bondis en arrière pour les éviter et j'empoigne ma lance à deux mains avant de planter ma lame dans le dos d'un des deux monstres. Il hurle et se débat, mais j'utilise ma force pour le plaquer au sol, le maintenant immobile avec mon pied, je retire ma lame pour faire un arc de degré et lui trancher la nuque. Il arrête de bouger. J'ai à peine le temps de me retourner que le premier loup que j'avais attaqué ouvrait sa gueule dentelée sur moi. Utilisant ma lance comme d'un bouclier, à deux mains, j'empêchais sa mâchoires aux multiples dents saillantes de se refermer sur mon visage. Pivotant en 180 degré, je l'expulsais sur le bas côté, faisant craquer légèrement ses côtes à l'impact. Reprenant mon souffle, je me fais heurter de dos par le troisième loup que j'avais complètement oublié, me faisant chuter au sol. Je peine à reprendre mes esprits pour me relever et éviter de justesse une morsure à la cuisse. J'en profite pour lui asséner un coup de pied latéral à la tête pour le déstabiliser et je cours achever le premier loup, toujours à terre, avec son souffle saccadé. Je lui plante ma lance dans le corps, frappant son coeur et éteignant la flamme dans ses yeux. Je me retournais une dernière fois vers mon troisième et dernier assaillant qui se secouait la tête pour arrêter la douleur. Il n'eut pas le temps de me voir venir que j'enfonçais ma lame dans sa poitrine avant de le soulever et de le fracasser au sol durement. Il eut un dernier râlement d'agonie avant de mourir.

La bataille avait été éprouvante, mais je ne devais pas m'arrêter là. Saletés de loups, toujours à vouloir attaquer en groupe. Je m'en bien sorti, mais s'ils avaient été plus que ça, je n'aurais pas donné cher de ma peau. Je me penchais vers les loups pour trancher leur patte avant de droite et les fourrer dans un sac que je comptais utiliser pour entreposer les preuves demandées pour l'accomplissement final de la quête. Après mon dur labeur, j'utilisais de l'eau que j'avais amené avec moi pour me laver les mains et reprendre ma route en direction de chutes d'eau que j'avais entendu. Espérant trouver d'autres monstres faciles à vaincre. En arrivant, la forêt laissait place à une petite plaine avec une immense chute d'eau au loin. Des cerfs se reposaient tranquillement. Un mâle alpha semblait inspecter les alentours, à la recherche de prédateurs. Le seul qui est là... c'est moi.

[To be continued...]

Je scrutais le troupeau de bichettes qui buvaient à même la cascade et les autres qui dormaient avec leurs petits. Il fallait m'approcher lentement pour pouvoir en égorger plusieurs. Comble du malheur, en voulant reculer, j'ai mis le pied sur une branche qui craqua. Le troupeau entier se retourna vers moi et certaines commençaient déjà à fuir. Trop tard, me suis-je dit. J'ai pris ma lance en main, je me suis campé et avec un élan de force, j'ai projeté ma lance sur une biche qui s'est écroulée juste après. J'ai couru pour reprendre ma lance, mais en sortant de ma cachette, j'ai été illuminé par le soleil et le cerf qui allait m'embrocher dans quelques instants :

Je n'allais pas pouvoir l'esquiver, donc je me suis stoppé net dans ma course, j'ai enfoncé mes pieds dans la terre et je lui ai fait face. Baissant la tête vers mon corps, le cerf a chargé là où je voulais qu'il le fasse. J'ai empoigné ses bois et me suis mis à pousser contre lui. Malgré mon ancrage, je commençais à reculer dangereusement vers un arbre. L'empalement arrivait à toute vitesse. J'ai donc utilisé toute ma force physique pour tourner la tête du cerf de quelques centimètres. Rendus à l'arbre, je me suis échappé sur le côté et ce dernier s'est vu coincé, les bois dans le tronc. Il semblait ruminer de colère alors que j'arrivais en vue de ma lance. La reprenant, j'entendis un craquement horrible venant de derrière moi. Le cerf s'était fendu les bois pour pouvoir se déloger et faisait front vers moi une nouvelle fois, mais cette fois-ci, j'étais armé. Je me suis mis en position d'attaque et j'ai pris ma lance à deux mains, pointant la lame vers l'arrière. J'ai pris une grande respiration et j'ai attendu. Le cerf arrivait droit sur moi, ses nouveaux bois tranchants acérés pointés droit sur moi. Au dernier moment... pivot rotatif en 360 vers la droit, ma lance a effectué une ronde, tranchant la gorge du cerf avant de revenir à sa position initiale. Le cerf, quant à lui, s'est effondré, juste à côté de la biche. Son sang coulait à flot et sa respiration était saccadée et tremblante. Pour abréger ses souffrances, je lui empalé le coeur avec ma pointe.

Je devais reprendre mon souffle. Cette vision horrible du cerf s'arrachant les bois pour m'offrir son regard empli de haine m'avait paralysé un instant et aurait pu causer ma perte si je n'avais pas repris le contrôle de mon stress. Mon regard s'est porté sur ce dernier, il gisait là, à côté d'une de ses femelles. Tragique histoire pour eux, mais ma mission importait plus que mon bon jugement. La loi du plus fort exigeait... Je me suis penché sur leur corps pour prélever un morceau de bois, évitant de me couper avec ses nouveaux rebords tranchants et je récoltais finalement la queue de la biche. Profitant d'avoir ma gourde en main, je remarquais une étrange construction à ma droite. Elle n'y était pas à mon arrivée. Il devait s'agir là des escaliers pour monter au prochain étage. Peut-être allais-je trouver d'autres créatures à affronter si je grimpais un peu. M'approchant de l'escalier pour l'escalader, je n'ai fait que mettre un pied sur la première marche que tout l'ensemble à soudainement disparu. J'essayais de retrouver mon équilibre pour ne pas tomber, chose qui n'était pas aisée. J'ai finalement réussi à retomber sur mes fesses, le coeur haletant, les yeux écarquillés. La mort était passée à quelques centimètres de moi. J'avais des larmes qui coulaient sur mes joues. Il fallait que je reprenne le contrôle de mes émotions, mais cela allait me prendre un peu de temps. Je crois que je vais rester un petit moment ici.

[To be continued...]

Ma marche était rapide et indiscrète, je... comment dire, comment décrire ce sentiment qu'en un instant votre vie peut disparaître à tout jamais. Comment expliquer ce que l'on ressent après avoir survécu à une mort potentielle. Mon coeur continuait de battre la chamade, mais mon esprit, lui, réfléchissait au danger que représentait les escaliers. J'étais tellement perdu dans mes pensées que je n'avais pas remarqué qu'on me suivait. Trop occupé à penser à rentrer, je me suis mis à enchaîner les zones pour tenter de sortir le plus vite possible. À l'occasion, j'ai vu passer de jeunes sangliers que j'ai par la suite tué, prenant leurs défenses comme preuve de leur décès. Je m'aventurais plus profondément dans l'étage, mais aucun monstre ne voulait se montrer à moi. J'étais épuisé et je voulais me reposer. J'ai donc trouvé une petite grotte dans laquelle je suis entré pour préparer un feu et manger la nourriture que j'avais amené avec moi. L'odeur de la viande a attiré deux jeunes aventuriers qui sont venus me rejoindre pour déguster leur repas. Leur regard paraissait sinistre et en leur demandant la raison, ils m'ont expliqué qu'ils redescendait avec un autre aventurier, un ami et membre de leur groupe. À cause d'une blessure, il a pris plus de temps pour descendre l'escalier et n'a pas eu le temps de les rejoindre que ce dernier à disparu. Il a chu et est probablement mort à l'heure actuelle. J'étais un peu triste pour eux. Pour ma part, je leur ai parlé de mon expérience de l'escalier et de la chute que j'avais évité. Nous avons continué de discuter un petit moment, se racontant des anecdotes et puis, ils sont repartis en direction de la sortie. J'ai éteint le feu et j'ai emprunté un nouveau chemin, celui par lequel il s'en revenait.

En regardant dans mon sac, il ne me manquait que sept preuves pour ensuite rentrer. Il me fallait trouver encore quelques monstres avant de pouvoir rentrer à la maison. C'est en m'aventurant après une bonne heure de marche qu'un escalier est finalement apparu devant moi. Je me suis précipité dessus pour l'escalader et je suis arrivé au second étage. Juste devant moi, une longue étendue d'herbe avec plusieurs monstres broutant s'ouvrait à moi. Pour l'instant, je me devais de réfléchir à comment prendre position pour éviter d'avoir tous les monstres sur moi. En me retournant, l'escalier n'était plus là. Je soupirais profondément en me disant que pour une première mission, elle était tout de même assez intense. Du bruit dans les herbes hautes m'ont fait prendre conscience que j'étais en terrain découvert et regardant dans la provenance du bruit, je vis un gros serpent bondir sur moi, s'enroulant autour de mon corps dans le but de m'étouffer. Je ne me suis pas laisser faire et j'ai sauté vers l'arrière pour écraser le serpent contre le sol avec tout mon poids. J'ai ressenti un liquide mouillé dans mon dos et l'emprise du serpent s'est relâché. Me défaisant de son entrave, je me retournais pour admirer la tête du serpent écrabouillée à même le sol. J'ai pris sur moi à la vue de sa cervelle. Ravalant mon dernier repas à l'odeur nauséabonde que sa tête émanait, je me suis approché et je lui ai tranché la tête pour l'empoigner délicatement et la jeter dans mon sac, que j'ai refermé aussitôt le plus vite possible. Je me suis longuement désinfecté les mains avec la gourde d'eau que m'avait prêté les deux aventuriers. Je la leur rendrai en revenant de mission. Après cette vue que je qualifierais de gerbante, je me suis accroupi dans les hautes herbes pour mieux me camoufler et observer le va et vient des monstres de l'étage.

[To be continued...]

J'arpentais les hautes herbes, me rapprochant d'un buffle qui semblait paître calmement. Il était proche des hautes herbes et en avançant prudemment, je pouvais le surprendre. C'était une grosse bête, comme mon oncle m'en avait fait la description, il fallait donc être rapide et agile pour pouvoir prendre le dessus sur elle. Ne prenant que de petites respirations silencieuses, j'avançais à pas feutré, lance à la main, j'étais tout près de lui :

Prenant mon courage à deux mains, je lui ai planté le bout de ma lame dans le pli de son cou, il n'a pas dû apprécier, car il a ruminé fortement en se débattant. J'ai rapidement retiré ma lance pour disparaître à nouveau dans les fourrés. Il regardait tout autour, alors que du sang giclait de l'entaille que j'avais fait. Ce n'était pas suffisant pour l'abattre, j'allais devoir l'affronter de face... ou de dos plutôt. Prenant mon temps, je me suis élancé rapidement dans son dos pour planter le bout opposé à ma lame et me propulser sur son dos. Les deux pieds dessus, je me suis mis à transpercer consécutivement son dos de ma pointe d'acier. Il s'est mis à sauter sans arrêt, je devais faire des efforts surhumains pour ne pas tomber et tenir bon sur lui devenait de plus en plus difficile. J'ai finalement lâché prise en trébuchant. Le temps de me relever, il fonçait droit sur moi. Je n'ai eu que le temps de point ma lance devant moi pour qu'il s'empale la lance entre les deux yeux, il a continué de courir, m'emportant avec lui dans sa course mortelle. Nous nous sommes arrêté au bout d'un moment et il s'est effondré de côté. J'avais le dos qui grognait à cause du frottement forcé que j'avais eu avec le sol pendant plusieurs minutes. Je me relevais péniblement en tapotant mon dos pour enlever les résidus de terre qu'il y avait dessus. Me rapprochant du buffle, je lui ai fracassé une pierre lourde sur une des cornes pour la fendre et la prendre.

En ouvrant le sac, je fut pris d'une remontée de bile quant à l'odeur de renfermé de la tête du serpent. Je n'ai pas pu m'empêcher de vomir tout ce qui se trouvait dans mon estomac. J'ai laissé tomber la corne dedans en refermant maladroitement le sac. Je devais reprendre mon souffle. À quatre pattes au sol, je prenais de grandes bouffées d'air frais. Quelle puanteur ! Une calamité se trouvait dans mon sac et j'allais devoir la supporter à chaque fois que je devrai l'ouvrir. Pour l'instant, il ne me restait plus que cinq monstres à vaincre. Chose aisée d'après moi. Il était temps pour moi de reprendre ma chasse.

[To be continued...]

J'étais pendu à un arbre, quelque part dans le second étage, en dessous de moi, un jaguar faisait ses griffes sur l'arbre pour monter, mais il n'y parvenait pas. Dire que j'étais près d'avoir une cible gratuite et il a fallu que ce monstre sorte de nulle part alors que je récoltais ma preuve. Il m'a couru après et moi, bah, j'ai fui. Au final, j'ai dû laisser ma preuve là-bas et maintenant, je suis accroché à une grosse branche d'un arbre avec la jambe droite qui saigne. Ce larcin m'a griffé à la jambe juste avant que j'atteigne la branche et ça fait vraiment mal. Je crois que je vais me reposer un peu. Je me suis bien mis sur la branche, le dos accoté sur le tronc et je prépare les bandages pour ma jambes. J'aurai de la difficulté à marcher après, ce n'est pas à mon avantage. Je jette un oeil au jaguar qui ne lâche pas espoir et je lui jette un regard haineux avant de prendre ma lance et de la lui jeter dessus, fendant sa petite tête en deux. Je descendrai quand je serai assez rétabli pour pouvoir marcher convenablement. Le jaguar gît en contrebas, la gueule béante ouverte et scindée en deux. Le sommeil me prend, la fatigue de la journée, je m'endors.

Je me réveille finalement, il fait nuit, j'ai toujours mal à la jambe, mais ça va un peu mieux. Je redescend doucement de mon arbre pour aller chercher ma lance et la griffe du jaguar qui me servirait de preuve. Je reviens sur mes pas, scrutant chaque coin de la plaine, à la recherche d'un prédateur à l'affût des déplacements de son territoire. L'obscurité, malgré la vue allègre, m'empêche de me dépêcher, mais j'arrive à retourner à l'endroit où gisait une gazelle à laquelle je fracasse l'une de ses cornes. L'odeur du sac est insupportable, mais je dois quand même l'ouvrir, l'odeur me fait pleurer et j'ai crainte de perdre connaissance, je le referme aussitôt la corne à l'intérieur. Celui-ci commence à devenir lourd et il me faudra me dépêcher, car la nuit ne m'inspire guère confiance. Je suis blessé à la jambe, mais mes efforts ne resteront pas vain, je vais continuer ma chasse. Il ne me reste que trois gibiers à tuer.

[To be continued...]

Chasser en pleine nuit, ça peut être terrifiant et stressant, je le sais, mais c'est tout aussi excitant. On a l'impression d'être un esprit se promenant dans le néant, un fantôme vengeur, mais aussi c'est le silence de la nuit, le bruit des insectes nocturnes, les lucioles qui volettent dans le ciel, illuminant des bribes d'indices de notre position. Il faut se prêt au jeu et être aussi silencieux que possible. La chasse nocturne, c'est le summum d'un chasseur, l'osmose, le meilleur moment pour les vrais de briller dans l'obscurité et moi, ma proie se trouve juste en face de moi. Un ennemi coriace, tenace, dangereux et à la fois excitant. Le tigre qui dort, je sais que je ne pourrai le prendre de revers et je m'avance tandis qu'il lève son regard vers moi, ses yeux brillent dans la nuit et son ronronnement. Je sais aussi que j'aurais dû l'éviter, mais mon désir de vivre une vraie aventure prend le dessus sur ma logique et me voici devant lui, prêt à faire face à une mort. Je ne vois que très peu, mais lui, je sais où il est et je sais ce que j'ai à faire :

Nos regards se croisent et nous prenons notre élan, courant l'un vers l'autre. Ma lance à la main, j'ai le sourire carnassier, le même que celui de mon oncle lorsqu'il se bat avec son pragmatique sérieux. Je freine à la dernière minute, évitant un coup de griffe et je fais voler ma lance pour l'abattre sur mon adversaire. Il fait un pas de côté pour esquiver mon attaque et me bondit dessus. J'effectue une roulade risqué vers l'avant, passant sous lui. Me retournant, ma lance s'arque et taillade l'arrière du tigre. Celui-ci rugit et se retourne. Sa course rapide et dangereuse, me fait reculer et trébucher sur un rocher, l'une de ses pattes avant entaille mon bras droit et me fait crier haut et fort. Je tiens mon bras ensanglanté et je me redresse vivement, regardant autour de moi. Je ne le vois plus, je ne sais plus où il est et mon bras saigne fortement. C'est au dernier moment que je me retourne et que je brandis ma lance, empalant le tigre dessus et tombant sur le dos, ce dernier sur moi. Il ne se débat pas, mais il me regarde, nos yeux sont proches, il pourrait manger ma tête, mais il me regarde et ses yeux s'éteignent.

Je fais tellement d'efforts pour le pousser sur le côté et me redresser. Ma plaie est béante et je saigne abondamment, mais je prends le temps de préparer ma trousse de soin et tout ce qu'il me faut pour me réparer. C'est seulement après une bonne quinzaine de minutes de souffrance sévère, à recoudre ma plaie moi-même et la chaleur hallucinante de l'alcool sur ma blessure, que je peux enfin souffler un peu et laisser mes larmes tomber. C'était effrayant et aussi impressionnant. Ce sont les leçons de survie d'oncle Robert qui m'ont permis de survivre jusqu'ici. Certes le premier essais était douloureux sur soi-même, mais je pourrai survivre désormais. Il me fallait juste prendre un échantillon, une dent toute simple et trouver un coin où me reposer tranquillement. Hors de question de remonter dans un arbre, il me fallait un endroit caché à même le sol. C'est en cherchant péniblement contre un flanc rocheux que j'ai pu trouver une faille assez grande pour me glisser à l'intérieur. Je suis assis et je bois ce qu'il me reste d'eau. Mes dernières rations sont désormais dans mon ventre et il me faudra me dépêcher de trouver mes deux dernières proies pour rentrer à la ville. Mais présentement, une bonne nuit de sommeil s'impose.

[To be continued...]

Mon sommeil a été troublé et mouvementé, je me remémorais l'annonce du décès de mon oncle. J'étais en train de me battre contre quelqu'un lors d'un entraînement en arme réelle et j'ai entendu du bout de l'oreille que mon oncle n'était pas rentré du Dungeon. La nouvelle m'avait tellement estomaqué que j'avais oublié de me défendre et la pointe de l'épée de mon adversaire avait traversé mon bras gauche. Le cri de douleur que j'avais poussé alors que plusieurs membres de la famille accourait dans ma direction pour venir me porter secours. La terrible annonce de sa mort m'a traumatisé du Dungeon. J'étais enragé par ce dernier, mais j'en étais tout aussi effrayé. Je voulais venger mon oncle, mais je ne pouvais rien faire. J'avais cessé de manger et de m'entraîner, je refusais de sortir de ma chambre. C'est la venue inattendue de ma mère qui m'a "réparé", la revoir de nouveau après de si longues années m'a fait le plus grand bien et j'ai enfin pu ressortir de mon traumas. Son sourire me revenait en mémoire et ses larmes alors qu'elle me décrivait de l'extrême ressemblance que j'avais avec mon père. Tout ça remontait à plusieurs années désormais...

Je fût réveillé en sursaut par des grognements tout près de moi. Je me suis lentement approché de l'extérieur de la faille et j'ai entraperçut un jeune sanglier, perdu qu'il était. Il grognait pour appeler à l'aide, je crois. Il était inoffensif et en retrait. Une cible facile. Il faisait encore nuit, le soleil n'allait pas tarder à se lever et je m'approchais doucement de lui pendant qu'il me faisait dos. Un glissement de terrain le fit se retourner et mes yeux se sont égarés dans les siens. Il comprenait ce qu'il arrivait et il s'est remis à grogner encore plus fort, mais je ne lui en ai pas laissé le temps :

Profitant de la nuit restante, je lui ai enfoncé ma lance dans le gosier pendant qu'il geignait. Son grognement de suppléance fut long et misérable. Mes yeux, mon regard, mon visage n'offrait qu'une horrible complainte d'un jeune homme qui voulait sortir d'ici au plus vite. Je l'ai soulevé de toute mes forces et je l'ai envoyé sur le flanc rocheux, un petit cri s'est échappé de sa gueule et ses yeux se sont éteints.

J'étais content de ma personne, un peu trop même. Plus qu'une preuve et tout était bon pour rentrer chez soi. Mon attention fut portée vers la forêt derrière moi, un bruit lourd et fracassant, un grognement fort et puissant et deux petites fentes apparaissaient devant moi. La silhouette majestueuse d'un sanglier géant se formant à ma vue. Le bébé sanglier mort derrière moi, maintenant mon esprit comprenait ma lamentable erreur. Un plainte enragée venait de cette gigantesque créature et son galop effréné dans ma direction ne me disait rien de bon. J'étais épuisé et j'avais de la difficulté à bouger, j'avais atteint ma limite. C'était la fin pour moi.

[To be continued...]

Je n'ai pas pu l'esquiver, elle m'est rentré dedans à pleine vitesse, m'envoyant m'éclater contre le flanc rocheux. J'ai senti mon dos craquer douloureusement alors que la surprise du choc me fait vomir mes tripes. Je me retiens grâce à ma lance et j'essuie un deuxième assaut encore plus fracassant de la part de la maman sanglier. Elle me retient contre le flanc, prisonnier entre ses deux défenses, l'une d'elles m'a même éraflée les côtes. Je respire lourdement, son regard transperçant le mien. J'ai peur. Je suis effrayé. Je veux partir, m'enfuir, tout abandonner. Mais aucune issue s'offre à moi, seulement la mort. Elle recule, me permettant de courir un peu et d'atteindre la faille où je m'étais glissé plus tôt. Elle ne peut pas y passer. Je soupire et tente de me calmer. On m'avait prévenu du danger du Dungeon et d'y aller seul. Je me faisais beaucoup trop confiance et maintenant j'étais au bord du gouffre. Je pleurais à chaude larmes en repensant à ma mère, à la promesse que je lui avais fait, celle que je ne pourrai jamais respecter. Je revoyais mes entraînements avec mon oncle, son sourire fier...

- C'est dans ces moments de détresse qu'un vrai héros à le droit d'être faible. Un vrai héros se doit d'avoir peur, n'oublie jamais ceci, jeune Duke !

Peur, avoir peur est une marque qui détermine que l'on prend conscience de nos limites, que nous ne sommes pas invincibles. Je reprenais de l'aplomb, essuyant mes larmes du revers de mon foulard. Je suis sorti de ma cachette et j'ai fait face à ce qui me terrifiait, je l'ai défié du regard et le combat débutait réellement :

Ma lance en main, tremblant de tout mon corps, je me positionnais du mieux que je pouvais, pointe dirigée vers l'avant. La mère éplorée fit un assaut de front que j'esquivais en sautant de côté, renforçant la douleur dans ma jambe blessée. Je m'élançais sur elle pour lui planter ma lance dans le cou, quand une flèche dans l'épaule droite qui me déconcentra. La douleur passant, j'atterris sur mes pieds pour regarder autour de moi. Rien. Personne. Pendant que j'étais déconcentré, la maman sanglier s'était retournée dans ma direction, effectuant un balayage avec ses défenses. Je me suis retrouvé au sol sans comprendre ce qu'il s'était passé. Voyant qu'elle allait me piétiner, j'ai fait une culbute vers l'arrière me redressant avant de lui enfoncer ma pointe dans son corps gras et musculeux. Elle s'est débattu et m'emporta, toujours accroché à son corps, dans la forêt. J'étais frappé de toute part par les arbres, les fougères, les branches qui me volaient sur le corps et celui-ci commençait à s'épuiser complètement. Au bout d'un moment, ma lance se décrocha et je fût expulsé au sol. Mon corps se lamentait plus que ses grognements complaisants.

J'allais abandonner, me laisser mourir, plus rien n'allait, je voyais ma lance un peu plus loin. J'ai accouru pour la reprendre en main et à son contact, il me revint en mémoire quelque chose, une notion très importante, que mon oncle m'avait conseillé de faire en derniers recours.

- Mon pouvoir...

Reprenant mes esprits, je parvins à me relever correctement, campant mes pieds le plus solidement possible dans la terre. Redressant mon dos, je fermais les yeux et sondais mon âme. Une flamme, un battement, un éclat brillant... une chaleur qui parti du centre de mon corps pour aller rejoindre chaque parcelle de celui-ci. La chaleur s'étendit à même ma lance. Nous ne faisions qu'un. Pendant quelques secondes, j'allais pouvoir donner le maximum de moi-même et surpasser l'être faible que j'étais un peu plus tôt. J'ouvrais désormais les yeux à nouveau, laissant le flux d'énergie de cet symbiose entre moi et ma lance me submerger complètement. La conclusion de ce combat n'allait bientôt plus tarder à être décidé !

[To be continued...]

Mon corps ne me faisait plus souffrir, je me sentais même en pleine possession de mes moyens, mais je savais aussi que ce ne serait que pour un court moment. Je me sentais puissant et invincible. Un sourire sadique s'affichant sur mon visage, je regardais la mère sanglier :

- Amène-toi !

Pour répondre à ma réplique, elle s'est mise à courir, défense braquées sur moi. Je l'attendais de pieds faire. Cinq secondes, c'était tout ce qu'il me fallait pour la vaincre :

J'attendais patiemment, jusqu'à ce que ces défenses soient à une dizaines de centimètres de moi pour m'accroupir soudainement, laissant ma lance frotter le sol, derrière moi. J'arquais mon corps, produisant un effet de vague avec celui-ci. Je propulsais mon corps vers ma gauche avant de la ramener brusquement vers ma droite, passant sous ses défenses et me relevant à sa gauche. Ma lance glissait délicatement sur le sol avant de remonter avec moi, venant égorger la gigantesque créature. D'un mouvement fluide vers la droite, je ramenais ma lance, ouvrant encore plus sa gorge jusqu'à ce que ma lame se déloge et que le sang gicle d'un coup net au sol. Ses pattes tremblantes ne pouvaient plus supporter le choc et elle s'effondra derrière pendant que je faisais éclater le sang qui coulait de ma lance et que je la replaçais dans mon dos.

Le soleil se levait devant moi et je tombais à genou, ma force s'amenuisait et j'avais atteint ma limite. Mon pouvoir m'avait tout pris. En regardant de plus près le soleil, j'ai vu se former une forme humaine. Un homme s'avançait devant moi, tenant mon sac et une patte de sanglier. Dos au soleil, l'éclat de ce dernier m'empêchait d'entrapercevoir ses traits, mais je comprenais qu'il s'agissait de l'individu qui m'avait tiré dessus un peu plus tôt. Un ravisseur, un voleur, un exécrable et misérable abuseur. Tout mon dur labeur allait m'être pris par cette personne et celui-ci se tenait devant moi, sa voix masculine et grave tranchant mes oreilles et mon esprit égaré. J'avais la haine envers lui et les larmes qui coulaient à flots. Mais quand je l'ai vu tenter d'ouvrir le sac, une idée a germé dans mon esprit.

- Si j'étais toi, je n'ouvrirais pas ce sac...

- Ah bon ? Pourquoi ?

- Il est maudit, si tu l'ouvres tu souffriras le martyr comme jamais au monde...

Il s'est aussitôt mis à rire. Le pauvre, il ne savait pas pour le sac.

- C'est ce qu'on verra, petit. Merci pour le buti... !

Trop tard, il avait ouvert le sac alors qu'il avait la bouche ouverte. La malédiction l'avait frappé.

[To be continued...]

Et le voilà à terre pour un bon moment. Je ne sais pas s'il m'observait depuis le départ, mais il a dû manquer ces instants de pur déshonneur à ouvrir ce sac de puanteur atroce. Alors que j'étais déjà à cinq bon mètres de celui-ci, je pouvais sentir son odeur insupportable. Le sac lui avait délivré un nuage toxique de puanteur qui lui a fait tourner de la tête. Je crois bien qu'il est temps pour moi de rentrer. Avec le peu de force qu'il me restait en réserve, je parvins à me soulever pour ensuite lui reprendre le sac des mains, y mettre un morceau de défense du gigantesque sanglier mort d'à côté ainsi que d'ajouter la patte de sanglier qu'il avait laissé tomber au sol. Je refermais soigneusement le sac pour le jeter au cou de l'homme, de l'empoigner par les aisselles et de le traîner avec moi. Pendant cinq minutes, j'ai repensé à ce qui venait de se produire un peu plus tôt, ma métamorphose et cette étrange chaleur en moi qui m'avait permis de surmonter toutes mes blessures. C'est en sortant de la forêt que je vis un groupe d'aventurier qui montait à mon étage et je les ai interpellés. Ils m'ont aidé à descendre au premier avant de rapidement remonter au second. Moi je portais l'homme d'un bras sur mes épaules et le soulevant. C'est ainsi que je suis arrivé à l'entrée du donjon et que je l'ai franchi pour ressortir à la lumière éclatante du soleil et du bruits des passants.

Je m'avançais, tout sale que j'étais, blessé de partout, traînant un homme qui n'avait l'air en rien d'en avoir bavé à l'intérieur. Les citoyens me regardaient horrifiés surement s'imaginant les atrocités que j'avais dû vivre là-bas. Je suis finalement arrivé à la maison où je logeais avec les Équipés et je suis entré en trombe pour m'arrêter devant le comptoir.

- Tout va bien le jeune ?

C'était le gérant de la bâtisse que je connaissais pour l'avoir parlé à mon arrivée à Dungeon City. J'ai relâché lestement l'homme que je transportais et j'ai regardé le gérant droit dans les yeux.

- J'ai dormi dans le Dungeon pour pouvoir terminer ma mission. J'ai une jambe ensanglanté, un bras ouvert que j'ai du recoudre par moi-même, je me suis battu contre des loups, un cerf protecteur aux bois cassés et tranchants comme des lames de rasoir, un buffle poilu, des sangliers, un serpent géant qui a voulu m'étouffer et faire de moi son hors-d'oeuvre. J'ai échappé de peu à un lynchage de jaguar et j'ai affronté de face un tigre en un contre un. Finalement, en tuant un bébé sanglier, j'ai attiré sa mère qui faisait la taille d'un ours. Elle m'a presque tué, mais j'ai usé de mon pouvoir pour la vaincre. Enfin, cet homme à mes pieds, a tenté de me voler les preuves que j'avais amassé au péril de ma vie. Serait-il possible de s'occuper de son cas au plus vite pour éviter qu'il retente la même avec d'autres aventuriers encore plus malchanceux que moi ?

Son regard semblait me sonder pour savoir si je disais la vérité. Puis il s'est mis à ricaner comme un huard, il m'a pris dans ses bras en rigolant un bon moment. C'était douloureux, mais je pouvais supporter ce genre galère. Il m'a déposé sur le sol et a soulevé le gaillard d'un bras pour le mettre sur son épaule comme d'un sac de patates.

- T'inquiètes pas mon brave garçon. Va rendre ta mission et prendre quelques jours de repos. Tu l'as bien mérité ! Ah ah ah, quant à lui...

Son regard est redevenu très sérieux, voir même effrayant.

- Il va passer un sale quart d'heure, je peux te le jurer sur mon honneur !

Sur cette promesse, il est parti en direction de la sortie du bâtiment. Pour ma part, je me suis avancé vers le comptoir pour déposer mes preuves. La jeune femme qui a ouvert le sac m'avait vu reculer d'une bonne dizaine de mètres et elle a vite compris pourquoi. Je l'ai vu s'écrouler devant moi pour laisser sortir son petit-déjeuner par l'entrée de service. Un vieil homme s'est approché du sac, complètement insensible à son odeur et en a fait l'énumération. Il a pris en main la grosse défense qui faisait bien son avant-bras en me regardant stupéfait. J'ai haussé des épaules en regardant ailleurs. Il est allé chercher la récompense que j'ai rapidement empoché avant de foutre le camp au plus sacrant. Seulement pour ne plus être en présence de cette abominable odeur de mort. Je me suis aussitôt redirigé vers l'hôpital le plus près en galopant du mieux que je pouvais. Il était enfin temps de prendre congé du Dungeon. Un lit douillet, un bon bain et surtout de bons soins m'attendaient au prochain tournant. Ma nuit interminable prenait enfin fin.

Mais, je savais qu'il m'appellera encore. Le Dungeon n'en a pas fini de me faire suer et saigner. Voici la malédiction des aventuriers : l'Appel de Lyos...

[The End!!!]