T'as la patate, Albert ! Mission F - [PV Abyss]

Un paysan et des pommes de terre... Si on m'avait dit que les missions de l'endroit réputé comme le plus dangereux du monde ressemblaient à ça, j'avais de quoi être déçue. Ça ressemble presque à une blague. Comme si quelqu'un se jouait de moi, et de mon but. Ce n'est pas en cherchant des patates que j'allai devenir plus forte !

Une goutte tombe sur ma joue, tandis que l’atmosphère devient plus lourde. Pleuvra t-il ? Debout, adossée contre une fontaine éteinte, au milieu d'une place relativement déserte, j'attends la venue de l'homme qui a demandé cette quête, Albert. Il aura peut être des détails plus intéressants que le gout de ces tubercules, comme, je sais pas, le genre des monstres que nous sommes susceptibles de croiser ? ou encore, allez savoir, les éventuels dangers du lieu ?? je soupire, fermant les yeux un court instant. Je ne encore jamais allée dans le Dungeon, et je me fais peut être des films. Ça ne doit pas être si terrible. Même si, du coup, j'ai aussi une pointe de déception. Je voulais un vrai challenge, un lieu capable de me faire progresser mieux que nulle part ailleurs !

Je jette ma tête vers l'arrière, mon regard se perdant dans les nuages d'un gris sombre peu avenant. Il va pleuvoir, c'est sur... il pleut, là dedans ? Je baisse ma tête, pour porter mon attention sur un second passant, qui se dirige vers moi. La poisse... Je sais que cette mission doit être effectuée par deux aventuriers, mais j'avais espéré qu'en allant suffisament vite, j'aurai pu m'en sortir seule. Ce n'est pas que je n'aime pas être accompagnée... Au contraire, des compagnons de valeurs sont une grande aide, et j'en suis consciente ! Mais, à notre niveau, il n'existe que des boulets, des moins que rien. Je parie que certains ne savent même pas se servir d'une épée convenablement. El le type qui s'avance vers moi à l'air typique du poids à trainer, du faible qui fait tuer tout le monde par ses erreurs.

Lorsqu'il arrive a mon niveau, je ne lui adresse pas la parole, bien qu'il a vu que je l'ai remarqué. Je ne suis pas devenue une aventurière pour faire la conversation avec des boulets. Mais je l'observe malgré tout, motivée par une curiosité plus forte que mon animosité naturelle. Il a l'air d'avoir mon âge, et c'est rare... Peut-être, je dis bien peut-être qu'il n'est pas bon a rien.

Mais ça reste a prouver.

Si il décide de lancer la conversation, alors le temps risque d'être long, jusqu'à l'arrivée du commanditaire. Le bonhomme à l'air fâché avec la ponctualité...

Finalement, ma première visite à l'intérieur du Dungeon sera une mission, et en équipe en plus, c'est une nouvelle des plus... étonnante. Je ne m'attendais pas à cette tournure des événements, mais Florentin m'a demandé de me charger de cette mission, sans trop m'en dire plus, donc j'ai accepté. Me voila donc à marcher en direction du Dungeon quand j'entends des voix dans une ruelle. J'entends vite fait parler d'argent, quelques supplications, je n'ai pas besoin d'en entendre plus pour m'y engouffrer, l'air un peu las... encore la côté mauvais de la nature humaine qui fait des siennes.

Ils sont quatre dans cette ruelle, et je suppose que le vieux monsieur tremblotant qui tient sa bourse dans la main n'est pas ce que le bon sens se plairait à considérer comme un agresseur, mais soit. Je dégaine une des deux épées que j'ai sur moi, le doux bruit métallique de la lame frottant doucement contre le fourreau attire l'attention des trois brigands mais... et voilà qu'ils s'enfuient. Magnifique, vous voulez savoir la raison ? Oh, une personne inconnue qui arrive et qui dégaine sans trop avoir l'air de vous craindre, alors que vous aide des petits voleurs de rue, déjà ça fait peur, mais alors, quand il a ce tatouage si caractéristique sur la main ! Ohlala que c'est effrayant... Enfin, au moins le vieil homme va bien, il se retourne d'ailleurs vers moi, toujours un peu secoué.

« Je vous remercie jeune homme, j'ai rassemblé cette argent pour deux aventuriers, je me serais mal vu de leur faire faux bond ! » blagua-t-il la voix encore un peu tremblotante, mais pleine de bonne volonté.

Tiens donc, ledit tatouage n'a pas l'air de le déranger plus que ça, lui. En un sens ça me fait plaisir, mais il devrait quand même se méfier, notre réputation a nous les autres n'est pas parfaitement usurpée... mais bon, la politesse, la politesse.

« Abyss, Abyss Maxwell, enchanté de vous rencontrer. Mais dites-moi, vous seriez pas Albert, le fermier, par hasard ? »

S'il y a autre chose qui me caractérisait mieux que ma maîtrise de l'épée, c'est ma capacité d'analyse. Je lance donc plus cela par principe que par autre chose, bien sûr que c'est lui. Il valide d'ailleurs d'emblée,  et nous prenons le chemin en direction du lieu de rendez-vous. Je lui dis tout de même de me suivre de quelques dizaines de mètres, être identifié comme commanditaire à un autre, c'est déjà pas la joie, mais alors être vu se balader et discuter avec ce genre de personne, ça aurait pu être dangereux pour sa réputation.

J'arrive donc sur le lieu du rendez-vous, après avoir bien vérifier derrière moi qu'il suivait toujours. Je ne voulais pas qu'il lui arrive encore une quelconque broutille. Vu la dégaine de la jeune femme qui se trouve au lieu de rendez-vous, il n'y a pas trop de doute, c'est ma nouvelle coéquipière. Sa façon de se tenir, son regard, l'emprise de sa main sur son col quand elle le redresse... ce n'est pas une mauvaise combattante, pour une débutante ; on doit avoir a peu près le même niveau, et je considère le mien comme plus que convenable à mon âge. Enfin, je me rends compte que je traîne en analyse, mais que je manque encore à toute la politesse la plus élémentaire.

« Bonjour. Moi c'est Abyss, Abyss Maxwell. J'ai dû me débarrasser de quelques... éléments problématiques en route, et je suis par hasard tombé sur notre commanditaire, il arrive dans une petite minute. » lançais-je de manière décontractée.

« Bonjour. Moi c'est Abyss, Abyss Maxwell. J'ai dû me débarrasser de quelques... éléments problématiques en route, et je suis par hasard tombé sur notre commanditaire, il arrive dans une petite minute. »

Impossible d'ignorer le tatouage sur sa main, signe évident de son appartenance au groupe des Autres. Ça, et le fait qu'il ait déjà rencontré des "problèmes" dont il s'est défait, ainsi que les deux épées qu'il a en sa possession. Est-ce que j'aurai eu de la chance, pour une fois ? Aurai-je rencontré une personne un peu plus forte que le communs des mortels ? Je réponds à son salut, d'une manière brève et froide.

"Umeki Kae. J'espère que tu tes capacités ne sont pas comme ta ponctualité."

C'est certain, que ça soit lui ou notre commanditaire, aucun des deux n'était à l'heure. D'accord, il avait eu des soucis sur la route, mais ça n'excuse pas son retard. J'aurai vraiment du me débrouiller pour ma ma mission seule, ça a l'air d'être un aimant à problèmes, ce type. M'enfin. J'ai plus vraiment le choix, autant faire avec. Un silence s'installe entre nous, rompu par l'arrivée du commanditaire de mission, visiblement l'air fatigué, mais une mine reconnaissante qui s'illumine lorsqu'il croise le regard d'Abyss.

"Ouf, vous m'avez bien sauvé la mise, jeune homme ! Vous êtes d'un autre bois que ces bandits, pour sur, et je vois que je ne me suis pas trompé, avec quelqu'un comme vous je suis sur que vous..."

"Vous pouvez aller à l'essentiel ou doit on vous écouter bavasser toute la journée ?"

D'un voix plus forte que la sienne, autoritaire, je calme le radotage du fermier. Mon temps est trop précieux pour que je le dépense dans l’insupportable babillage d'un homme qui n'a rien à m'apporter si ce n'est de l'argent. Je veux des détails, des information, pas savoir sa vie.

"Jeune fille, vous êtes impolie, vous a t'on appris..." mon regard noir lui passe l'envie de poursuivre "Hum, bref.." Il lance un regard un peu gêné à mon coéquipier, cherchant sans doute un soutien, déstabilise par mon attitude. "Une légende raconte que les meilleures patates poussent dans le Dungeon ! Moi, j'y ai toujours cru, mais tous les autres ils me prennent pour un fou ! Mais, hé, l'vieux Albert il avait raison, y'a un aventurier l'autre jour, un certain Pavrell, vous le connaissez non ? C'est un chouette gars, rang F, comme vous, et..."

Je soupire, suffisamment fort pour que cela perturbe Albert, et je lui demande :

"Avez vous quelque chose à nous dire qui ne soit pas déjà dans l'ordre de mission ? Des informations utiles pour une exploration fructueuse ? Ou ce rendez vous n'est qu'une perte de temps ?"

L'homme a une mine perdue, il ne doit pas avoir l’habitude d'être remis à sa place.

"Euh... non... mais c'est comme ça qu'on fait, pour se rencontrer, discuter un peu, c'est la procé..."

Je tape dans mes mains, m'exclamant :

"Bien ! Dans ce cas, je n'ai plus rien à faire ici." Je lance un regard à Abyss, m'étirant, ignorant superbement le fermier "Accompagne moi ou laisse moi seule, fais comme tu veux. Si tu viens, essaye d'être efficace et me fais pas perdre mon temps. Pas comme l'autre, là."

Sans plus de bavardages, je met mes mains dans les poches de mon veston, avant de prendre la direction de l'énorme tour. Vraiment une perte de temps, cette entrevue.

C'est qu'elle est décidément mignonne cette petite. Elle est grognon et pas très polie, mais on sent qu'elle a beaucoup de volonté dans ce qu'elle fait. Cependant, si c'est Florentin qui m'a demandé de faire cette mission, elle doit avoir quelque chose de... peu anodin. Déjà que bon, c'est le Dungeon, ça n'a rien d'anondin en soit, j'ai peur que son côté très... fonceuse nous fasse avoir deux trois problèmes. C'est les jeunes avec ce genre de caractère qui meurent en premier malheureusement, ils ont tous cette fameuse caractéristique en commun : Ils ne prennent pas le temps.

Je soupire un peu, en me disant que cela ne va pas être une partie de plaisir, mais bon... quand faut y aller, faut y aller. J'emboîte le pas, suivant la jeune effrontée après m'être excusé auprès du vieux pour son comportement. Elle était jeune, la vie d'aventurier c'était pas toujours facile, toussa toussa.

J'arrive rapidement à la rattraper, mon pouvoir aidant bien mes capacités physiques... pour le moment. « Et bien et bien, à foncer comme ça tu vas finir par te faire tuer au moindre détour, tu devrais prendre un peu plus le temps. Le côté tête brûlée, c'est ce qui a tué la plupart des explorateurs du Dungeon, tu sais ? »

Je sais que pour l'instant mes paroles tombent dans l'oreille d'une sourde, mais je suis sûr que dans quelques temps, quand le Dungeon l'aura mis face à ses propres contradictions, elle se rappellera de cette phrase. De toute manière, nous sommes dans le Dungeon, et comme prévu, au bout de quelques centaines de mètres, les premières menaces se font déjà apercevoir... C'est le moment de voir ce qu'il vaut en situation de combat !

Le jeune homme me rattrape bien assez vite pour ne pas me perdre. Il n'est pas lâche au point de fuir à la première occasion, et c'est déjà un bon point. Enfin, non, c'est plutôt que ce n'est pas un mauvais point. Nuance. Nous marchons un instant, en direction de l’immense tour, nos pas résonnant sur les pavés. Mais, pourtant, il ne peut s'empêcher de me faire la leçon.

« Et bien et bien, à foncer comme ça tu vas finir par te faire tuer au moindre détour, tu devrais prendre un peu plus le temps. Le côté tête brûlée, c'est ce qui a tué la plupart des explorateurs du Dungeon, tu sais ? »

Je me stoppe, net, avant de lui adresser un regard furibond. Il me compare à tous les autres, à tous ceux qui ne sont pas assez forts. A tout ceux qui n'ont pas la volonté de le devenir. Je ne me considère pas comme une personne de talent, particulièrement forte ou puissante. Mais j'ai une volonté à toute épreuve, et je suis loin d'être inconsciente. Alors, ses remarques à deux balles, il peut se les garder. Je m'apprête à lui répliquer une remarque assassine, mais je me calme, soufflant un coup, avant de lui répondre, mes yeux toujours luisants de colère.

"Si un simple Dungeon peut me tuer, alors c'est que j'aurai mérité de mourir. Mais, sache une chose, Abyss l'autre. Je ne mourrai pas."

Sur cette phrase, je reprends la tête de notre petit groupe, prenant la décision très mature de le bouder. Nan mais. Nous marchons encore un peu, rejoignant petit à petit de plus grand groupes d'aventuriers, pour finalement arriver devant la structure titanesque. Que dire... C'est à couper le souffle. L'énorme tour de bois aux spirales intriquées, dont des blocs se détachent pour monter, descendre, aller à droite, à gauche, dans une mécanique céleste dont la taille est totalement incommensurable pour un cerveau normalement constitué. Je ralentis le pas, pour contempler le flot d'aventuriers passant par là. Certains sont blessés, d'autres semblent se reposer devant, d'autres encore attendent devant le mur de bois... l'un d'entre eux me lance :

"Hey, pour y rentrer il suffit d'attendre devant !"

Et, sur ces paroles énigmatiques, il reprend son chemin. Attendre devant, hein ? Je m'approche dur mur de bois immense, attendant que quelque chose se passe. Je pose ma main sur la paroi, et une entrée immense s'ouvre. De trois mètres de haut, pour deux de large. Je rentre, talonnée par Abyss, et nous évoluons, non pas dans un couloir, mais dans une espèce d'escalier tout en bois, entouré par le vide, à droite et à gauche. L’ascension continue un peu, et finalement nous arrivons sur une immense plaine, légèrement vallonné, parcourue de courants d'airs, et, à l'horizon, du vide. Nous sommes sur un de ces carrés que nous avions vu se déplacer lorsque nous étions en bas... Okay, je ne sous estime plus cet endroit. C'est effectivement impressionnant. En observant avec attention, j’aperçois un nouvel escalier de bois, au loin, qui semble mener vers un nouvel endroit. Mais bien sur ! Ils allaient nous servir à monter, d'étage en étage ! Il nous faut nous rendre à l'étage 4, donc pas question de trainer. Sans perdre de temps en paroles inutiles, je m'y dirige, suivie par Abyss. D'un pas décidé, j'avance bien, lorsque des grognements se font entendre.

Tout autour de nous, des sangliers d'une taille respectable d'un bon mètre sur un autre mètre de large font leur apparition. Leurs yeux rouges luisants ne font aucun doute sur leur nature. Je dégaine mon épée, soudainement plus concentrée , comptant 5 adversaires. Voilà qui a de quoi déstabiliser ! Mais il m'en faudra plus pour m'effrayer. Au contraire, un sourire carnassier se dessine sur mes lèvres, le premier que je fais depuis longtemps. Voilà un challenge impressionnant. Je lance à Abyss :

"J'en prends trois, t'en prends deux !"

Et, ne leur laissant pas l'initiative, je fonce sur le plus gros, sur lequel j’abats ma lame. Il hurle, et, fière de moi, je continue mon assaut... avant de bondir, esquivant de justesse un autre sanglier. Mon premier est en piteux état, mais il sera dur de continuer mes attaques tout en esquivant les terribles défenses des bêtes enragées. J'espère qu'au moins, Abyss se débrouille un peu. Sinon, je risque de continuer seule.

Remarque, c'est pas pour me déplaire.

[Estime : 50 / Culpabilité : 10]

Cinq sangliers, hein ? C’était… plutôt respectable pour une première épreuve. La jeune femme se lance à l’assaut, sans plus de consultation que de me dire combien de sangliers je dois tuer… et bien, au moins ce qu’on peut dire c’est qu’elle sait ce qu’elle veut. Pour ma part, je me contente de regarder les deux sangliers qui sont… censés être mes cibles, et qui ont l’air beaucoup plus intéressés par l’humaine qui hurle en sautant partout et en tranchant tout ce qui passe à portée de lame.

Je m’avance vers eux, d’un pas léger et gracile alors qu’ils sont beaucoup trop concentrés sur l’énergumène en train de faire un carnage contre leurs trois camarades (et je les comprends, elle est dure à omettre, avec tout ce vacarme). Mon avancée s’accélère de manière presque fantomatique sur le côté du premier sanglier, qui n’émet presque aucun son alors que ma lame lui transperce les deux poumons et le coeur. Malgré le fait que ce soit des créatures du Dungeon, leur anatomie a l’air des plus classique. Cependant avec cette action remarquable… bah le deuxième m’a remarqué !

Il choisit d’un coup de me charger… en même temps je le voyais mal m’offrir des fraises ou se mettre à pratiquer un art martial sanglier. Quoi que… est-ce que la charge peut-être considérée comme un art martial sanglier..? La question se pose ! Et devant cette réflexion je me rends compte qu’il parcourt la dizaine de mètres le séparant de moins de manière remarquablement moins rapide que ce à quoi je m’attendais, les monstres des premiers étages sont-ils plus faibles que ce à quoi je m’attendais, où serais-je plus rapide que d’habitude [Estime : 50] ? Enfin, sans me poser plus de question plus de question je saute avant qu’il ne m’atteigne, et retombe sur lui, cette fois c’est la colonne vertébrale et l’oesophage, si je me souviens bien ? Enfin.. Je ne sais pas si le verbe souvenir est vraiment adéquat… je ne me rappelle plus vraiment d’où je tiens ces connaissances.

Enfin, c’est le moment de voir comment s’en sort la petite Umeki, face à ce genre de créature et avec ce que j’ai vu d’elle en arrivant, elle ne devrait pas trop avoir de mal, mais un sanglier de plus pouvait faire la différence, et j’avais eu la chance de pouvoir tuer le premier parce qu’elle l’avait distrait. Je tourne mon regard vers elle, pour voir comment elle s’en sort, ou s’en est sorti.

[Estime +10 : Premier combat dans le Dungeon mené avec brio]

Les trois sangliers, dont celui en mauvais état s'avancent vers moi, doucement, l'air menaçant. On dirait qu'ils essaient de m'encercler. Pff, ma propre bêtise me fait éclater de rire, ce qui a l'air de décontenancer les bestioles qui semblaient fières d'inspirer un peu de crainte. Ce sont des sangliers, soit des créatures avec un pois chiche en guise de cerveau. Jamais il n'iraient jusqu’à faire des stratégies ! je les nargue, faisant tournoyer mon épée :

"Et dire que j'ai failli avoir peur de simples sangliers ! Vous êtes mignons avec vos yeux rouges, mas vous ne valez rien !"

Ma réplique fait grogner de rage les trois bébêtes, qui me foncent dessus. Qu'es-ce que je disais, un pois chiche en guise de cerveau ! Je n'ai qu'a me décaler sur la droite au dernier moment et tendre mon épée pour embrocher l'un des trois compères, qui s'écroule. Je retire ma lame de son cadavre, la faisant tournoyer une nouvelle fois, lançant une nouvelle provocation :

"J'avais pas raison ? Vous êtes nuuuuls !"

Le sanglier encore vaillant ne peut tolérer qu'on manque de respect à sa porcine personne, et me fonce dessus, défenses en avant, bien décidé à en finir avec l'insupportable humaine que je suis. je n'ai qu'a l'esquiver sur la gauche pour glisser la sanglante lame sous sous ventre et le lui pourfendre, mettant un terme à sa course effrénée. J’avise le dernier sanglier, en bien piteux état.

"T'es moins bête que tu en a l'air, toi. T'as compris qu'en me fonçant dessus, tu ne trouverai rien, hormis la mort. Je veux bien te laisser la vie sauve, si tu nous laisse tranquille."

Le sanglier me lance un regard piteux, ses yeux rouges emplis par la honte de la défaite, et tourne finalement les talons. Il commence à s'éloigner, et je lui lance mon épée dans le dos, ce qui le transperce et met fin à ses jours. Je vais récupérer la lame, que j'essuie dans l'herbe, avant de croiser le regard d'Abyss. Rougissant légèrement, je me sens obligée de me justifier :

"Laisser un sanglier qui avait appris de nous en vie c'est laisser le risque qu'il devienne plus fort et tue des gens ! C'était la chose à faire !" Je tourne la tête, de toute façon je n'ai pas de comptes à lui rendre. Non mais. Je remarque cependant qu'il a su vaincre ses deux sangliers, et il s'en sors sans aucun dommage. Il... se débrouille bien.

"Bien joué pour... eux."

A mi voix, un compliment sort de mes lèvres. je ne sais pas si il l'a entendu, et j'espère même qu'il ne l'a pas entendu. Si je commence à le complimenter, il va se croire fort. C'est pas une bonne idée. Enfin bref. Nous reprenons notre route, direction l'escalier que j'avais repéré. Nous n'avons pas d'autres attaques sur le chemin, il faut croire que les sangliers se sont passés le mot entre eux. Et, finalement, nous arrivons.

L'escalier, grand et imposant, se balade au dessus du vide. Clairement, il ne faut pas tomber, car Dieu sait ou on atterrira. Instable, mouvant, le bois élastique va rendre le passage très complexe. Mais, pour autant, pas impossible. Je met mon pied sur une marche, et, juste avant d'y aller, je demande à Abyss :

"Ça va aller ? Tu te sens de le grimper ?"

Pour quelqu'un de lambda, la vue d'un tel spectacle doit être impressionnante. Et, quitte a perdre mon coéquipier, je préfère que ça soit pendant un combat que bêtement, parce qu'on ne s'est pas préparés.

C'est pas que je me soucie de lui. Pas du tout.

Je souris devant le compliment de la jeune fille, finalement elle s’en est sortie facilement. J’ai un peu de peine pour le sanglier qui a été lâchement exécuté. Après tout, il était presque dans son bon droit.

« Tu n’as pas a te justifier pour tes actes, je les comprends, même si je ne les approuve pas. Nous sommes les intrus, ici, ce territoire, ce monde qu’est le Dungeon, il ne nous appartient pas. Nous sommes des aventuriers, des conquérants, mais pour eux… c’est leur maison. Et je dois t’avouer que, considérant ce que je vis au quotidien à l’extérieur, je me sens plus à l’aise à l’idée de laisser un aventurier mourir face à ce sanglier que de l’exécuter. »

Je marque une petite pause, elle a justifié son acte, et je me sens d’en faire de même.

« Pour les deux autres, c’est différent, ils t’avaient remarqué, et se tenaient prêt à t’attaquer, je n’avais donc plus d’autre choix que d’en tuer au moins un. Tu es ma coéquipière ici, et de ce fait, ta survie m’est importante. De plus, tu ne me rejettes pas pour ce que je suis, et donc je t’apprécies beaucoup plus que la moyenne des gens. Concernant le deuxième… il a choisit de me charger, et j’ai donc mis fin à ses jours. Aucun des deux n’a souffert, et ils sont morts au combat, face à moi, l’idée me dérange… moins, dira-t-on. »

C’est… étrange. Je suis certes impressionné par une telle structure, je n’ai jamais vu une telle chose de ma vie, ou en tout cas je ne m’en souviens pas… mais… Pourquoi est-ce que je m’y engage de manière aussi assurée ? Tu es censé avoir peur Abyss, il y a le vide en dessous de toi, la mort, la promesse d’aucun lendemain… Mais je monte pourtant les premières marches d’une manière presque naturelle.

« M’arrêter devant des escaliers dans les premiers étages m’empêche d’atteindre le centième, donc j’avance. La question n’est même pas de savoir si je me sens de le faire, j’ai le sentiment que… je dois le faire. » J’ai ensuite un petit rire, et je réponds tout de même à sa question. « Mais pour te répondre, pour une raison que je ne m’explique pas, je n’ai même pas l’impression de pouvoir échouer à gravir ces quelques marches. »

Je continue ainsi mon ascension, en faisant attention que la jeune femme me suit. Les monstres que l’on aperçoit à l’étage suivant son méfiant, et je comprends vite pourquoi. L’odeur du sang des monstres de l’étage précédent nous embaume, et pourtant, nous ne sommes pas blessés, non n’avons pas l’air ne serait-ce qu’essouflés, et notre démarche est pleine d’assurance ; il sera plus profitable pour eux de s’en prendre à des débutants.

« Tu préfères qu’on se fasse la main et qu’on sécurise le passage en même temps, ou on trace notre route vers le prochaine étage ? Les monstres d’ici n’ont pas foncièrement l’air d’avoir le cœur de se confronter à nous. » demandais-je d’un air distrait.

Cette ascension me parait presque naturelle, c'en est effrayant. Le regard que je lance à mon entourage l'analyse et le comprends au premier balayage... ou l'ai-je peut-être déjà vu ? Je ne sais pas... je n'ai pas envie de savoir. Peut-être que j'étais simplement habitué à l'aventure avant et que celle-ci ne fait pas exception ? Je me perds un peu dans mes pensées, je n'ai pour l'instant pas l'impression d'être en danger mais... je sens que ça ne va pas durer.

« Tu n’as pas a te justifier pour tes actes, je les comprends, même si je ne les approuve pas. Nous sommes les intrus, ici, ce territoire, ce monde qu’est le Dungeon, il ne nous appartient pas. Nous sommes des aventuriers, des conquérants, mais pour eux… c’est leur maison. Et je dois t’avouer que, considérant ce que je vis au quotidien à l’extérieur, je me sens plus à l’aise à l’idée de laisser un aventurier mourir face à ce sanglier que de l’exécuter. »

Drôle de pensée, qui aurait sans doute pu choquer des gens normaux. Considérer que la vie d'un sanglier à plus de valeur que celle d'un humain, ou, au moins une valeur équivalente, c'est une pensée fort peu banale. Mais, en soi, ça ne me dérange pas. Quelqu'un qui y passe face à un sanglier, c'est clairement un boulet, qui méritais de mourir, car pas assez fort. Perdre face à un sanglier, franchement...

« Pour les deux autres, c’est différent, ils t’avaient remarqué, et se tenaient prêt à t’attaquer, je n’avais donc plus d’autre choix que d’en tuer au moins un. Tu es ma coéquipière ici, et de ce fait, ta survie m’est importante. De plus, tu ne me rejettes pas pour ce que je suis, et donc je t’apprécies beaucoup plus que la moyenne des gens. Concernant le deuxième… il a choisit de me charger, et j’ai donc mis fin à ses jours. Aucun des deux n’a souffert, et ils sont morts au combat, face à moi, l’idée me dérange… moins, dira-t-on. »

Ravie de savoir qu'il me considère un peu plus qu'un sanglier. Il ne me laissera pas mourir en me regardant, c'est toujours ça de pris. En soit, c'est un peu le même genre de valeur que je lui accorde. C'est mon compagnon d'aventure, donc je préfère qu'il se batte avec moi plutôt qu'il décède. Quand à son origine... Si un autre se bat bien, je vois pas pourquoi je n'en tolèrerai pas un à mes cotés. Mais, un inconnu rang F peut être en péril, si il ne m'est d'aucune utilité il peut bien y rester. Toutefois, une question me trotte dans la tête, après sa réflexion. Je lui poserai plus tard...

J'aurai pu croire qu'il aurait une hésitation, un semblant de peur. Mais non, il s'avance, comme si de rien n'était, me passant même devant.

« M’arrêter devant des escaliers dans les premiers étages m’empêche d’atteindre le centième, donc j’avance. La question n’est même pas de savoir si je me sens de le faire, j’ai le sentiment que… je dois le faire. » Il ris, avant de reprendre « Mais pour te répondre, pour une raison que je ne m’explique pas, je n’ai même pas l’impression de pouvoir échouer à gravir ces quelques marches. »

Et, sur ces belles paroles, il continue d'avancer, tandis que c'est à moi de le suivre. je bouillonne de ne pas mener la marche, mais il serait vraiment très imprudent de le dépasser maintenant. L'escalier tangue, des grands courant d'air m'obligent à m'accrocher pour ne pas être propulsée en dehors, mais je tiens bon. Abyss marche comme si il était dans son élément naturel, à peine perturbé par les secousses. Il a même le luxe de se retourner de temps en temps, pour me surveiller, et voir comment je m'en sors. Attends un peu que j'arrive à ton niveau, je vais te faire comprendre que je n'ai pas besoin d'aide à coup de poings dans la tronche !

Nous arrivons finalement à bout de l'éprouvant escalier. Si même les moyens pour changer d'étages sont aussi fatigants, je comprends la réputation du Dungeon. A peine arrivés, je ressent tout de suite la présence de petits yeux sur nous, invisibles mais pourtant bien réels. Je fais tournoyer mon épée, me préparant au pire, et faisant abstraction de ma fatigue, mais Abyss prends la parole :

« Tu préfères qu’on se fasse la main et qu’on sécurise le passage en même temps, ou on trace notre route vers le prochaine étage ? Les monstres d’ici n’ont pas foncièrement l’air d’avoir le cœur de se confronter à nous. »

Je pourrai me demander comment il a pu déduire ça. Mais j'ai envie de lui faire confiance. De ce que j'ai pu voir, et expérimenter, il a l'air plutôt bon. Il pense d'une drôle de façon, certes. Mais il voit des choses que je ne vois pas. Je pars donc d'un éclat de rire triomphal :

"Haha, la leçon de tout à l'heure leur a suffi ! Parfait, je n'aime pas perdre mon temps avec des faibles. Rendons nous directement à l'endroit qui nous intéresse." Je stoppe la rotation de ma lame, pour la pointer vers l'escalier, que je vois au loin.

"Allons là... bas."

Je perds un peu de ma belle assurance en voyant l'escalier s'effondrer sur lui même, ses débris tombant dans le vide. Je pose ma lame sur mon épaule, concluant, avec logique :

"Bon, ben plus maintenant. Faut croire que même les escaliers ne sont pas fiables. tu parles d'une galère..."

Puis, comme par magie, un nouvel escalier... pousse ? à un nouvel endroit, un peu plus loin.

"Oh, en voilà un nouveau ! Allons y avant qu'il ne tombe, cette fois..."

Le reste du trajet se passe assez tranquillement, aussi tranquillement qu'on pourrait l'attendre d'un endroit balayé par de puissants vents en permanence, et ponctué par des escalier aussi fiables qu'un pédophile. Mais, finalement, sans péripéties notables, nous arrivons au quatrième étage. Il faut croire qu'Abyss avait raison, les monstres ont été repoussés par notre grande facilité à découper leurs semblables en tranches. je ressors l'ordre de mission, que j'avais gardé dans une poche de mon veston, et je plante mon épée dans le sol, avant de le lire de nouveau.

"blablabla... étage 4... rose... blabla... une forêt sombre, des araignées..."

Ma voix trébuche, et je tremble légèrement. Je n'ai peur de rien. Jamais.

Hormis les araignées.

Elles me font perdre tout mes moyens. Quand j'en vois une, je panique, je deviens pire que ces fillettes qui hurlent pour un rien. Mais je refuse de passer pour une faible à cause de ce détail. Alors, je me met une claque magistrale sur ma joue droite, ce qui calme mon tremblement et redonne son ton normal à ma voix, au prix d'une rougeur non voulue et de larmes qui montent, que je chasse d'un coup de tête à droite, puis à gauche.

"des... araignées, donc, et un monstre terrible."

Pourvu que ça soit pas une araignée, pourvu que ça soit pas une araignée, pourvu que ça ne soit pas une araignée.

[Estime : 60 / Culpabilité : 10]

Elle fanfaronne beaucoup, elle est mignonne comme tout. Et comme nous pouvons effectivement le voir, les éléments du décor ne sont pas très... viables, il va falloir faire attention. Enfin, c'est ce que je me dis, mais au final je continue à marcher comme si de rien n'était, traversant les étages sans trop m'en rendre compte, perdu dans mes pensées, entre mes réflexions sur mon adorable petite camarade, et le fait que je sois TROP à l'aise dans cet endroit. De plus, le sentiment que quelque chose ne va pas s'intensifie de minute en minute, à tel point que j'en deviens presque inquiet [Estime -5]. Je me demande vraiment ce qui va bien pouvoir se passer pour que ce sentiment d'insécurité comme à me gagner alors que l'on traverse le quatrième étage pour arriver devant ladite forêt.

Et en plus, la jeune fille a l'air de tiquer sur le mot araignée, une peur commune s'il en est, mais elle aurait quand même pu prendre le temps de lire convenablement l'énoncé de la mission. Enfin, ce n'est clairement pas le moment de lui faire des remontrances, elle est déjà assez secouée comme ça, pour le peu qu'elle a l'air de pouvoir être secoué. Je m'avance tranquillement, prenant un air rassurant.

« Ne t'inquiète pas, l'avantage d'être deux c'est que je peux te protéger en cas de coup dur, et j'espère que tu feras de même avec moi, ne serait-ce que pour ne pas perdre un compagnon d'aventure valable. »

Je lui souris et continue ma route, et effectivement... j'entends des bruits autour de nous ; tout autour, c'est parfaitement déstabilisant. Mais je m'inquiète toujours autant pour Umeki qui n'a clairement pas l'air de se sentir bien alors que des bruits se rapprochent de nous ; mais... je sens ma magie se déclencher involontairement [Roll : 87 / Affection : 40], je ne sais pas si c'est une bonne chose, cette bénédiction.

« Ma... magie vient de se déclencher. Tu as de la chance, dirons nous, les monstres vont involontairement se concentrer sur un.. autre ennemi que toi. » dis-je peu rassuré, alors que j'entendais le bruit se rapprocher de plus en plus [Estime -5]

Et inconsciemment, plus vite que je ne peux même le comprendre, mon inconscient me hurle quelque chose. Ici ! Je ne sais pas comment j'avais pu le deviner, comment cette information était venu à moi... je l'avais entendue ? J'avais deviné sa présence ? En tout cas, l'araignée qui avait bondit depuis une fourrée est maintenant empalée sur mes deux lames, et vient s'écraser à mes pieds. Mon corps n'avait eu aucune difficulté à réagir à l'injonction de mon esprit {Estime : 50].

C'est donc ça le problème, ces saloperies se camouflent divinement bien dans cet environnement. Elles ne sont pas très rapides ou très résistantes, mais c'était vraiment une plaie de les voir venir.

« Umeki, elles ne t'attaqueront pas. J'ai bien compris que t'en avais peur, mais vu que je serais leur unique cible.. tu pourrais te tenir un peu à distance et réagir au bon moment ? Si y'en a deux qui me sautent dessus en même temps, je pense que je suis mal. »

Grand dieu ! Même quand des bénédictions se déclenchent, j'ai l'impression que c'était à mon désavantage. Je suis maudit, c'est pas possible autrement ! Vous allez pas me demander de gravir le Dungeon avec des malus en prime, quand même !

« Ne t'inquiète pas, l'avantage d'être deux c'est que je peux te protéger en cas de coup dur, et j'espère que tu feras de même avec moi, ne serait-ce que pour ne pas perdre un compagnon d'aventure valable. »

Je lui réponds du tac au tac, devenant cramoisie :

"Je m'inquiète pas ! Je n'ai pas de raisons de m'inquiéter, c'est quand même pas une arai... a-rai-gnée qui aura raison de moi."

Je fais la fière, mais je n'en mène pas large. Je fais tournoyer mon épée sans aucune raison, signe de ma nervosité, et je regarde partout. Des araignées, elles sont pas grosses de toute façon... Un bon coup d'épée, et, shlack, c'est fini. Personne est jamais mort à cause d'une araignée, c'est tout petit, ça fait rien. Ça n'arrêtera pas Umeki !

Des bruits, y'a des bruits. Je sursaute à chaque craquement, mes yeux fouillant la végétation à la recherche des horribles arachnides à 8 pattes. Elles sont là, non là, non ici, je peux déjà sentir leur pattes velues sur mon corps, leurs horribles abdomens me piquer et pondre sous ma peau, leurs mandibules m'attraper et me découper en rondelles...

« Ma... magie vient de se déclencher. Tu as de la chance, dirons nous, les monstres vont involontairement se concentrer sur un.. autre ennemi que toi. »

Chance ? J’appelle pas ça de la chance, moi !

"Mais, mais... mais du coup si elles t'attaquent, je vais devoir les tuer ! Je vais devoir mettre mon épée dans ses choses !"

Il ne reste rien de mon courage, de mon impassibilité. Prononcez le mot "araignée", et je deviens une poule mouillée. Si un jour je dois mourir, ça sera sans doute d'une de ces créatures, tétanisée par la peur... Et c'est alors qu'une créature du cauchemard bondit, et fonce droit sur Abyss ! Je ne peux pas esquisser un mot, tout mon corps est paralysé, et je le vois déjà mort, mais, par une surprenante agilitée, il se retourne et l'embroche, sans broncher. Je reste estomaquée devant la rapidité de l'action, et je reprends un peu mes esprits. La menace est réelle, je vais mourir si je ne fais rien !

« Umeki, elles ne t'attaqueront pas. J'ai bien compris que t'en avais peur, mais vu que je serais leur unique cible.. tu pourrais te tenir un peu à distance et réagir au bon moment ? Si y'en a deux qui me sautent dessus en même temps, je pense que je suis mal. »

Au mot peur, je tique. Je n'ai pas peur. Rien ne me fait peur. Sous entendre que quelque chose me fait peur, c'est risquer de se prendre un pain dans la tronche, et de perdre toutes ses dents. La fureur que quelqu'un puisse ne serai-ce que sous entendre le fait que MOI, je sois une lâche, prends le pas sur ma peur. Je hurle, une expression colérique sur mon visage :

"PEUR ?! MOI, PEUR ?! TU VAS VOIR SI J'AI PEUR !"

Et je me tourne vers la forêt, faisant tournoyer mon épée, avant de leur lancer une provocation :

"Sortez de vos planques, apparemment j'aurai peur de vous ! Venez, vous me terrorisez ! Allez, venez, je SUIS MORTE DE PEUR !"

Ma raillerie ne les atteint pas, elles sont vraiment obsédées sur Abyss. Pff, c'est trop nul. Je fais tournoyer mon épée, encore et encore, afin de taillader toutes les immondes créatures qui lui bondissent dessus, faisant gicler des liquides plus immondes les uns que les autres, tandis que les créatures horribles à 8 pattes se font trancher les unes après les autres, leurs progéniture volant dans tout les sens, leurs milles yeux venant m'observer au sol, et je les sens déjà ramper sur moi, sur ma peau...

Il a dit que tu avais peur des araignées.

RAH, J'AI PAS PEUR !

Je taillade, taillade et taillade tant que ma lame se retrouve entièrement couverte de l'espèce d'ichor qui leur remplit le ventre. Et, au bout d'un moment, ça cesse. Soit on les a toutes exterminées, soit elles en ont marre. En tout cas... c'est fini. Je me laisse tomber sur les genoux, l'épée au poing, soufflant, haletant presque. L'effort m'a fatiguée, mais surtout les ascenseurs émotionnels que j'avais subi. Tiens, d'ailleurs... Je laisse mon épée au sol, et je vais attraper Abyss au col, d'un air menaçant.

"Tu dis à quelqu'un que j'ai peur des araignées... je te jure que je te tue."

Sur cette mise au clair, je le laisse aller, et je vais ramasser mon épée, encore pleine de l'horrible substance arachnoïde. Rien qu'en le voyant, maintenant que l'adrénaline et la colère est passée, j'en tremble de nouveau, et je vais la passer consciencieusement dans l'herbe, avant de parler de nouveau à Abyss.

"Bon, plus qu'a trouver la clairière, maintenant. Tu passe devant ? C'est parce que tu attire les araignées, bien sur."

C'est pas parce que j'ai toujours l'angoisse d'en voir une autre, une rescapée...

[Estime : 50 / Culpabilité : 10]

J’avoue que même moi, je n’en mène pas trop large devant la situation, mais je me décide à faire confiance à ma partenaire qui a décidé de hurler comme une démente en menaçant les araignées pour oublier sa peur, et… ça a l’air de marcher ! Elle commence à trancher les créatures les unes après les autres, faisant fit de sa peur et hurlant sa rage. C’est un… magnifique massacre que voilà, et j’avoue que ça m’aide beaucoup. J’ai à peine à en tuer trois ou quatre, qu’Umeki a déjà fini de massacrer le reste en faisant tournoyer son épée dans tous les sens.

Je soupire, et prend le temps de respirer un peu, je ne suis pas autant fatiguée physiquement et émotionnellement qu’elle, mais tout de même, ce petit combat intense m’a fatigué. Bon après, fatiguée, fatiguée, elle est pas assez fatiguée pour passer outre et vient clairement me faire comprendre que je n’ai pas intérêt à parler de ce qui vient de se passer. J’ai un petit rire. Si elle me passe un savon, c’est qu’elle va bien, et en un sens, c’est grâce à moi.. J’ai enfin pu aider quelqu’un. [Estime +15 / Culpabilité -5]

« Mais j’ai pas spécialement envie de te faire du tort, tu sais ? Tu te stresse trop pour rien. Relaxe. »

Enfin, elle a raison, trouvons cette clairière et finissons en. Mais… cette sensation bizarre est toujours là, mes sens sont de plus en plus en alerte. Et… cette saloperie de pressentiment qui n’en fini pas de me faire froid dans le dos. Mais je n’ai pas le loisir de me plaindre, suffit qu’on tombe sur une saloperie de mega araignée et j’aurai des problèmes bien plus grave que ça à régler.

Mais à force de rêvasser, je fini par apercevoir quelque chose… une clairière. La voilà ladite clairière mais… quelque chose ne va pas, je ralentis le pas en regardant autour de moi… et fini par choisir de m’arrêter, en tendant le bras sur le côté pour faire signe à Umeki d’en faire de même.

« Quelque chose ne va pas ici… il y a… quelque chose. Reste prudente, on est pas tout seuls, et je ne parle pas que de potentielles araignées. »

Mais soudain, mes sens se mettent à hurler au danger, quelque chose approche, quelque chose de… moins amusant que les araignées.

Les araignées liquidées presque trop facilement, Umeki et Abyss reprennent leur souffle après tant de péripéties et de terreurs affrontées.
La clairière leur faisait enfin face et, à une centaine de mètres d'eux, un champ qui semble presque artificiel est baigné dans la douce chaleur d'un soleil absent dans le reste de la forêt.

Nos aventuriers restent cependant sur leurs gardes face au danger annoncé par le récapitulatif de mission et ils ont bien raison.

"Il y a... quelque chose."

A peine l'aventurier prononce ces mots, qu'un grondement se fait entendre, semblant venir de tout les côtés à la fois. Mais ce grondement ne venait pas du ciel non... Un amas de terre explose soudainement pour qu'un monstre, de plus de deux mètres de haut, sorte du sol pour barrer la route aux intrus !
Et c'est... Une patate. Géante.

Mais alors que leurs yeux sont fixés sur cette apparition originale, déjà d'étranges racines se mouvoient vers le duo, essayant de les contourner pour les prendre par surprise.

Capacités du monstre :

Nous avançons un peu, pour finalement arriver à une clairière. Ah, comme quoi, le fermier avait raison ! Plus qu'a trouver le champ et à déguerpir fissa.

« Quelque chose ne va pas ici… il y a… quelque chose. Reste prudente, on est pas tout seuls, et je ne parle pas que de potentielles araignées. »

Quel rabat-joie ! Et moi qui pensait en avoir fini avec toutes ces bêtises. La perspective d'affronter de nouveaux adversaire, qui cette fois ne seraient pas des araignées, me plait beaucoup toutefois. Il faut que je défoule ma frustration sur quelque chose, et ce quelque chose, c'est...

Une patate.

Et c'est même pas une blague. Un tubercule titanesque surgit du sol, pour se mettre devant nous. C'est un vrai délire, cet endroit. Il y a des patates de cette taille là, nan mais d'accord. Je lâche :

"C'est délirant... Et on est censés en ramener deux, des comme ça ?"

Je m'approche du tubercule, pour être soudainement coupée dans ma route, le pied enroulé dans un genre de liane ? Je fais un mouvement avec mon épée pour le trancher, sans trop comprendre, avant de le voir ressortir de nouveau du sol. Je fais un bond en arrière, m'éloignant de la reine des patates, pour voir des lianes comme celle que j'avais tranchée surgir d'un peu partout autour d'elle, et se diriger vers nous. Elles sont vraiment un nombre impressionnant, et semblent bien provenir du méga tubercule. Ni une ni deux, je met mon épée en rotation, et je commence à trancher les lianes, qui doivent être ses racines, qui viennent en notre direction.

"Je sais pas par quel prodige, mais on dirait que la patate nous veut du mal ! Laisse pas les racines t'attraper, je pense qu'elles ont de mauvaises intentions ! Je vais tenter une percée pour découper la pomme de terre, couvre moi !"

Et, instantanément, je fonce droit vers le tubercule. Je tranche les racines qui viennent vers moi comme je peux, essayant de sauter un maximum pour éviter d'avoir de nouvelles racines qui m'attrapent. Après une petite course éffrenée, toute en esquives et en tranches, j'abats ma lame sur le tubercule, une fois, deux fois, trois fois, avant de devoir reculer un peu devant la violence des assauts des racines, toujours plus nombreuses.

Okay, en la jouant comme ça, ça allait être long mais on devrait l'avoir. Elle doit avoir un cœur, quelque chose, une source de pouvoir, et en la découpant assez on devrait pouvoir la trouver. Sauf... sauf qu'à ma grande surprise, je vois une minorité de racines se rapprocher de la patate, et recréer la chair que je lui avait enlevée. Mer...

Je suis interrompue lorsqu'une racine que ma lame n'a pas tranchée passe mon tourbillon pour se saisir de mon torse. La racine, bien plus épaisse que les précédentes, semble avoir été faite d'une agglomération de racines, pour passer ma lame. Je n'ai que le temps de comprendre ce qui m'arrive avant que la racine ne compresse mon torse avec une violence inouïe, me faisant me tordre de douleur, laissant échapper un hurlement. Je ne lâche pas mon épée, et c'est sans doute ce qui me sauve la vie, car j'active mon pouvoir presque par réflexe, enflammant la lame in extremis et tranchant la liane rebelle, avant de désactiver mon pouvoir instantanément, sentant la dépense en énergie se faire. C'était moins une.

Je recule lentement vers Abyss, la bataille nous ayant légèrement séparés, mon ventre me faisant grimacer de douleur. Une fois à son niveau, je lui lance, haletante, entre douleur et fatigue :

"Elle se... régénère ! Je l'ai... tranchée... mais les racines l'ont... reformée ! Et, fais gaffe... elle peut faire... venir des racines plus épaisses... que les normales... te laisse surtout pas attraper !"

Nous nous battons encore quelques secondes, avant que je lui reparle de nouveau :

"Il faudrait... Qu'on la tape suffisamment fort... pour trouver le cœur... et le briser !.. tu as quelque... chose en réserve ?... Sinon, il va... falloir qu'on se coordonne !"

Les assauts continuent, inlassablement, tandis que la douleur dans mon ventre s'amplifie, et ma fatigue aussi. Mais, interdiction de baisser les bras maintenant. On peut vaincre ce gros légume.

Avec un peu de chance.

[Estime : 65 / Culpabilité : 5]

Vous êtes sérieux ? Une patate géante ? Mais c'est du délire... et le pire c'est que ça ne me surprend pas plus que ça. J'ignore si je m'attendais déjà à trouver un truc aussi farfelue, ou si c'est l'adrénaline et la sensation de danger qui me sorte de mon état, mais en tout cas, je suis paré au combat. Umeki a l'intention de tenter une percée, j'ai comme l'impression qu'on en sait pas assez pour tenter ce genre de plan, mais en même temps, je n'ai pour l'instant rien de mieux à proposer ; je la laisse faire tendit que je m'occupe des quelques racines qui viennent s'en prendre à elle. Ce monstre est une vraie plaie ma parole !

Elle a l'air de lui avoir fait des dommages avec sa première approche, a priori ça se fait ! Enfin... ça se fera le jour où elle arrêtera de se régénérer ! Mais c'est quoi ce délire, c'est même pas un boss d'étage ! J'essaye de me concentrer et de trouver un plan, mais j'ai du mal à me concentrer alors que ces saloperies de racines s'évertuent à essayer de me tuer ! Et alors que je suis aux prises avec lesdites racines je vois Umeki être saisies par l'une d'elle, et je l'entend hurler.

« Umeki ! »

Rien à faire, si je tente de me rapprocher trop rapidement, je vais finir comme elle ! Je tremble de frustration devant mon incapacité à faire quoi que ce soit. Ou peut-être est-ce que j'ai simplement trop peur pour prendre le risque d'aller l'aider... [Estime-10 / Culpabilité +10]

Alors que je me perds en pseudo-panique, je vois qu'elle réussi à se libérer, et qu'elle se recule vers moi pour m'indiquer son analyse, et me demander si j'ai quelconque plan avec ce qu'elle vient de me dire.

« Avec les coups que tu lui as déjà porté et sa façon de se défendre, je pense avoir localisé le cœur, mais je vais avoir besoin de toi pour m'ouvrir le chemin dudit cœur un maximum. Je peux l'attaquer directement si j'arrive à poser ma main sur elle, mais le coup sera bien plus efficace si je pose ma main près du cœur que si je la pose sur une racine. »

J'explique cela tout en continuant à taillader les racines autour de moi. Je pourrais aussi essayer de soigner Umeki, mais ça serait une perte sèche de puissance, et ce sera beaucoup plus facile de la soigner une fois le combat terminé. Désolé Umeki, mais il va falloir supporter la douleur encore un peu... [Culpabilité +5]

« Avec les coups que tu lui as déjà porté et sa façon de se défendre, je pense avoir localisé le cœur, mais je vais avoir besoin de toi pour m'ouvrir le chemin dudit cœur un maximum. Je peux l'attaquer directement si j'arrive à poser ma main sur elle, mais le coup sera bien plus efficace si je pose ma main près du cœur que si je la pose sur une racine. »

Je n'entends pas totalement ce qu'il me dit, la douleur dans mon ventre remontant et faisant battre mon cœur jusque dans mes tympans, mais je comprends l'idée. Il faut que je lui ouvre la voie, pour lui permettre de l'attaquer directement. Je ne sais pas trop en quoi consiste son pouvoir, mais il a l'air sur de lui. Une chance que mon style de combat soit efficace dans ce genre de cas, pour trancher sans vraiment viser, faire tournoyer ma lame est un vrai avantage. Je hoche la tête, pour lui faire comprendre que c'était clair, et nous commençons à avancer vers l'énorme tubercule.

Chaque pas est durement gagné, et se fait au prix de nombreuses racines tranchées, mais il en vient toujours, inlassablement. Je ne me laisse pas distraire, concentrée dans le découpage méthodique de nos agresseurs, bien que la douleur empire de minute en minute. Je n'ai pas le droit de faiblir, pas maintenant. De temps en temps, une racine plus imposante que les autres fait son apparition, et elle me saisit parfois un membre, mais j'ai le temps d'activer mon pouvoir avant que ça ne soit trop grave, maintenant que je suis au courant.

Nous atteignons finalement la proximité de la patate, et les assauts deviennent toujours plus complexes, et puissants. J'ai des courbatures partout, le mouvement constant que je dois faire maintenir à ma lame était ereintant, usée par l'utilisation ponctuelle de mon pouvoir, et meurtrie par certaines racines que je n'ai pu couper qu'un peu tard, et pourtant la partie se corse encore. De notre position, il apparait des racines devant nous, mais aussi derrière nous, ce qui nous oblige à avoir une vigilance constante.

On ne va pas tenir longtemps.

J'ai peut être fait une terrible erreur en faisant confiance à Abyss. Qui me dit que son plan va fonctionner ? Pourquoi lui accorder tant de foi, alors qu'on ne se connait que depuis peu ? Mon instinct a t'il eu raison de miser ma vie sur son plan ? En tout cas, maintenant qu'on y est, il faut qu'il se dépêche !

"Grouille toi, et tue... moi cette chose ! Je pourrai pas tenir... indéfinitivement !"

Comme pour me prouver que j'ai raison, une racine perce ma défense, et se saisit de mon poignet gauche, le serrant très fort. Je peux la couper, mais j'ai de grosses difficultés à bouger mon poignet de nouveau libre. Je vais devoir tenir à une main...

[Estime : 55 / Culpabilité : 20]

Le pari est risqué, mais il n'y a pas vraiment le choix. Je commence à m'approcher de la tubercule géante, en dansant entre les racines, tranchant le peu qui ne se font pas réduire en miettes par la lame d'Umeki. Se rapprocher de cette chose est de plus en plus difficile, je ne sais pas si c'est parce qu'elle est plus énervée depuis les récents dégâts qu'elle a subit, ou si c'est nous qui nous ralentissons... sûrement les deux.

Les quelques blessures que m'infligent les racines me font plus souffrir que d'habitude [Culpabilité : 20], et j'ai de la difficulté à me concentrer. Bon dieu, cette saloperie nous en a déjà assez fait morfler, il va falloir que ça cesse. Encore quelques mètres, juste quelques mètres !

Je prends d'un coup mon élan pour bondir jusqu'à la créature, alors que j'entends le cri d'Umeki derrière moi, les blessures qu'elle a reçu commence à se faire nombreuses. Et j'ai la malheureuse idée de tourner la tête pour voir si elle va bien. De ce que je constate, son poignet a dû être brisé... pour me couvrir [Estime-5 / Culpabilité +5]. Ce que je ne constate pas, par contre, c'est la grande liane qui vient fouetter mon bras pendant mon saut, m'infligeant une large blessure ouverte. Par un miracle du sort et la volonté d'en finir [Estime : 50] je parviens néanmoins à finir ma trajectoire pour poser ma main sur la créature en hurlant.

« Crèèèèèèèèèèèève ! »

Je sens ma magie s'activer, et je sens quelque chose se briser [Estime : 50 / Ressentiment : 60], la vitesse des lianes s'affaiblie rapidement, et elles arrêtent de se mouvoir après quelques spasmes, alors que la créature s'effondre, mais je ne prends pas le temps de m'en enquérir plus que ça. Je cours vers Umeki.

« Umeki, tu vas bien ? »

Alors que j'avance ma main vers elle, je vois ses blessures commencer à doucement se refermer [Roll : 69 / Affection : 65]. Je concentre aussi mon pouvoir de soin actif sur elle, tant pis pour ma propre blessure, dont la douleur me lancine quand même terriblement. Je lui dois bien ça.

« Crèèèèèèèèèèèève ! »

Le hurlement d'Abyss retentit alors que je suis petit à petit en train de me faire déborder. Il faut dire que faire à une main ce qu'on a l’habitude de faire à deux, c'est loin d'être simple. C'est au moment ou je sens que je vais craquer... que les racines cessent brutalement leur assaut, disparaissant aussi rapidement qu'elles sont apparues, pour choir au sol, comme tous leurs inoffensifs camarades végétaux. Je tombe a genoux, relachant toute ma vigilance et ma concentration pour me prendre de plein fouet un choc, alors que je réalise la situation.

J'ai failli mourir.

J'avais sous estimé ce Dungeon, et je ne pensais pas qu'il y aurait de tels monstres en son sein. Enfin, pas maintenant ! Mon regard est vide, alors que je suis choquée par ce que nous venions de vivre, et que l'adrénaline du combat disparait. Je ne me considère pas comme forte. Mais je ne me pensais pas si faible. C'est... déroutant.

« Umeki, tu vas bien ? »

J'ai l’impression que mon ventre a été réduit en bouillie, je ne peux plus bouger mon poignet gauche, et j'ai brutalement perdu toute mon assurance. Je suis chanceuse d'être encore en vie.

"Je... je vais bien. Je ne pensais pas que le Dungeon abritait de telles... créatures." Je lui lance un regard franc "Je l'ai sous-estimé. Et on a failli en payer le prix cher."

Mais, je ne suis pas du genre à me morfondre éternellement. Je suis une fille forte, pas une pleurnicheuse. Ce qui ne tue pas rend plus fort. Aujourd'hui, je suis devenue plus forte. Mon poignet ne fonctionne plus ? Tant pis, il m'en reste un autre. Mon ventre crie de douleur ? Pas grave, j'en ai pas besoin pour taper. Je suis exténuée ? Tant pis, il faut trouver le second souffle, et continuer d'avancer. Alors, malgré l'effort que cela me coute, je me relève, me mordant la lèvre pour ne pas hurler ma douleur.

"Mais, on a gagné. On a vaincu cette abomination. Aucun doute, on est vraiment meilleurs !"

Je m'attendais à perdre du sang à cause de mes nombreuses petites blessures, mais je dois constater qu'elles se sont refermées. Alors que celle d'Abyss, au contraire... une vraie plaie béante. Et dire que je ne l'avais même pas remarqué. Je me précipite à son niveau, malgré la douleur qu'engendre ma course.

"Hey, ton bras, ça va ? tu vas tenir le coup ? Il faut encore qu'on trouve deux pommes de terre à ramener à Albert, et après il faut qu'on redescende !"

Et bien et bien, ça n'aura clairement pas été une partie de plaisir... Je lui fais un petit sourire à sa remarque, elle a l'air d'avoir compris son erreur, et c'est tant mieux. Je prends un peu de temps pour reprendre mon souffle et utiliser mon pouvoir pour au moins atténuer la douleur.

Mais bon, Umeki n'a pas vraiment l'air du genre à s'en faire trop longtemps, la voilà déjà en train de continuer en fanfaronnant. Elle est décidément beaucoup trop mignonne cette petite, elle ferait un bon animal de compagnie ! Et la voila qui s'inquiète pour ma blessure maintenant, doucement ma belle, tu vas finir par me faire craquer.

« Je vais bien, j'ai réussi à atténuer un peu la douleur et à ralentir le saignement. » dis-je en déchirant mon t-shirt pour bander mon bras. « De plus, les deux pommes de terre doivent être dans le coin, on peut peut-être en trouver dans la zone d'influence de cette créature, on a plus qu'à chercher. »

Je décide donc de me mettre à la recherche des fameuses patates, qui ne sont pas bien difficile à trouver à deux. Le problème du lieu était clairement plus cette gigantesque patate que les petites. Le problème maintenant... ça allait être de rentrer.

« Effectivement, va falloir faire gaffe en rentrant. Maintenant qu'on est blessé je pense pas que les créatures vont autant hésiter à nous attaquer que tout à l'heure... »

Allez, encore une ligne droite vers la sortie, on a tout ce qu'il nous faut, on va pas mourir maintenant quand même, ça serait con !

« Je vais bien, j'ai réussi à atténuer un peu la douleur et à ralentir le saignement. » Il déchire son haut pour en enrouler une partie autour de son bras, ce qui va compresser la plaie et réduire le saignement. Enfin, si les racines n'étaient pas empoisonnées, bien sur. « De plus, les deux pommes de terre doivent être dans le coin, on peut peut-être en trouver dans la zone d'influence de cette créature, on a plus qu'à chercher. »

Si il ne bronche pas pour sa blessure, alors je n'ai pas le droit de broncher non plus pour la mienne. Je dois rester forte, en toutes circonstances, et c'est un bon test pour savoir ce que je vaux. Par contre, je reste sur mes gardes.

"Cherchons, mais ne restons pas trop loin, au cas ou un autre tubercule se décide de nous attaquer. Et, aussitôt qu'on à les deux, on se tire. Je ne veux pas prendre le risque d'un nouveau combat !"

Nous cherchons un peu dans la clairière, pour finalement tomber sur un champ de pomme de terre, dont nous prélevons deux individus avant de tourner le talons. Je ne suis pas pressée de retourner dans cet endroit, brr ! N'empêche, il y avait effectivement un champ de patates en plein Dungeon. Que ce lieu est bizarre.

« Va falloir faire gaffe en rentrant. Maintenant qu'on est blessé je pense pas que les créatures vont autant hésiter à nous attaquer que tout à l'heure... »

Oh, god. Le retour du rabat-joie. Malheureusement, jusqu'à présent ses prédictions se sont révélées être exactes, et j'ai peur que celle-ci ne fasse pas exception. Et, pas question de tracer dans mon état, je peux marcher tout au plus. le retour s'annonce bien plus épineux que l'aller. Je lâche un juron, avant de faire un constat logique.

"Tant pis, on a pas le choix de toute façon. On va vite sortir de cette forêt, pour repérer l'escalier qui nous permettra de descendre, et à chaque fois, on ira droit au but. Si on entends des monstres... On essaie de les impressionner. Et, si ça marche pas, il faudra se battre de nouveau. De toute façon, les sangliers de tout a l'heure ne valaient rien, on devrait pas avoir de soucis à vaincre les autres, même dans notre état !"

Il faut dire que tuer la méga-patate m'a redonné confiance en moi. Nous sortons donc de la foret, sans agression d'araignées (tant mieux, gosh, tant mieux.), et situons l'escalier sans trop de difficulté. Il n'est pas loin de nous, mais mon pas est lent, et je ne peux pas vraiment accélérer sous peine de souffrir le martyre. Toutefois, alors que nous ne sommes qu'a une dizaine de mètres de l'escalier, des grognements se font entendre, et des loups sortent de leur cachette, nous coupant toute voie de retraite. Une bonne dizaine, le poil lustré, la bave aux lèvres, ils ne veulent qu'une chose, nous croquer. Et nous ne sommes définitivement pas en état de tous les vaincre... Il ne nous reste qu'un seul choix possible :

"A l'escalier, vite !"

Chaque pas me fait hoqueter de douleur, mais je ne peux pas ne pas courir, qu'importe le seuil de douleur atteint. Ma course lance la course des loups, qui nous bondissent dessus, et je parviens à éviter le coup de mâchoire de l'un d'entre eux in extremis, passant leur ligne et montant sur la première marche de l'escalier, ce qui stoppe net les canidés. Pour une raison étrange, ils ne semblent pas vouloir me poursuivre sur la construction branlante. Je lance à Abyss :

"On dirait qu'ils ont peur de l'escalier ! Descendons vite, avant qu'ils ne changent d'avis !"

Mon souffle est court, et ma course à empiré la douleur déjà à la limite de la tolérance. Mais, hé, la route est encore longue jusqu'à la sortie.

Encore et toujours à se donner des grands airs pour se rassurer elle même, ce niveau de cuteness me réchauffe le cœur. Ça m'en ferait presque oublier la douleur pendant quelques instants.. seulement quelques instants, malheureusement. Déjà ce qui m'inquiète, c'est les araignées ; vu à quel point elle en avait peur en allant bien, en rencontrer dans son état après avoir connu la peur de la mort... serait parfaitement catastrophique. Allez le monde, tu nous en a déjà fait assez baver comme ça, tu vas pas nous mettre une flopée d'araignées en plus, ça serait vraiment de la méchanceté gratuite...

Fort heureusement, aucune araignée sur le chemin, Dieu merci, merci Dieu. En plus, les escaliers sont assez visibles, et pas bien loin, tout à l'air de nous sourire, pour le coup... enfin... sauf les espèces de grognements étranges qui commencent à se faire entendre au loin.. sûrement mon imagination.

Ouais non, arrivé à quelques dizaines de mètres, je commence à entendre des pas se rapprocher, et des loups finissent bien vite par sortir de toutes parts pour tenter de nous encercler... c'était vraiment pas notre jour. Suivant l'ordre évident de ma coéquipière, je me dirige vers l'escalier alors que les loups commencent à nous poursuivre. J'arrive rapidement à l'escalier, et me retourne pour constater un quelconque état des lieux qu'Umeki a bien vite fait de décrire.

« Effectivement oui, il va falloir descendre, mais je crains que ton état vacillant soit des plus dangereux et incertain dans ces escaliers, donc si tu le permets, et d'ailleurs que tu le permets ou non. »

J'active encore une fois ma magie pour atténuer sa douleur, prenant la mienne sur moi. Puis je décide de la porter doucement, comme une princesse, évitant un quelconque mouvement de son ventre.

« Tu peux bien te plaindre si tu veux, te guérir sera bien plus facile si je t'ai constamment contre moi, et j'aimerais éviter que la douleur te fasse perdre connaissance. Ma survie est aussi en jeu, pour le coup. »

J'aurais aussi très bien pu l'abandonner et la laisser en pâture aux créatures locales, mais je m'étais beaucoup trop attaché à cette jeune femme avec qui j'avais côtoyé la mort de près.

Sur ces mots, je commence à descendre les escaliers, le côté léger et gracile de ma marche possédant un avantage insoupçonné ; étant donné qu'ils ont très peu d'impact contre le sol, aucun à-coup ne vient raviver la douleur de la jeune femme dans mes bras.

« Effectivement oui, il va falloir descendre, mais je crains que ton état vacillant soit des plus dangereux et incertain dans ces escaliers, donc si tu le permets, et d'ailleurs que tu le permets ou non. »

Je met un petit temps à tilter qu'il parlait de me prendre dans ses bras. je ne tilte qu'au moment ou il me fait décoller, en réalité. Je lâche un petit glapissement de surprise, avant de hurler de protestation.

"Hey, HEY, NON, POSE MOI, TU ME POSE, C'EST HORS DE QUESTION, JE VEUX PAS, TU ME LÂCHE, TU ME LÂCHE !!"

C'est la pire des humiliations, qu'on me prenne pour une moins que rien, une faible fille qui se laisse porter. Je vais le tuer, ce type. Je jure que je vais le tuer.

« Tu peux bien te plaindre si tu veux, te guérir sera bien plus facile si je t'ai constamment contre moi, et j'aimerais éviter que la douleur te fasse perdre connaissance. Ma survie est aussi en jeu, pour le coup. »

"...Grmph."

Je ne peux pas répliquer. A mon plus grand désarroi, il a raison. Je risque de tomber dans les pommes à tout moment, à cause de ma blessure au ventre, qui à l'air décidément sérieuse. Et, si je tombe dans les pommes, non seulement je serai en trèèèès grand danger, mais en plus je le met en danger lui aussi. Hé, sans moi pour le surveiller, qui sait ce qui pourrait lui arriver. Et, du coup, ça confirme bien ce que je pensais. Il a un sort de soin... J'étancherais bien ma curiosité, si ma douleur n'était pas aussi insupportable. Heureusement que son étrange démarche, toute en fluidité et en grâce, ne provoque aucune secousse. Je crois que j'en serai morte.

J'arrive juste à articuler, mes dernières réserves partant avec cette phrase :

"T'as pas... intérêt à tomber."

Et, après, tout est flou. Je n'ai pas perdu connaissance, mais c'est comme si un voile était passé devant mes yeux, me faisant perdre peu à peu toute notion de réalité, tout apparaissant comme lointain, incertain, immatériel. Et, berçant tout ça, la douce marche d'Abyss.

Je crois comprendre que nous descendons, encore et toujours. Pas de nouvelles agressions, peut être que le jeune homme et sa façon d'être dégagent une aura qui dissuadent tout monstre de s'en prendre à nous... Ou peut être pas, mais je suis juste trop naze pour m'en rendre compte. Je ne pensais vraiment pas finir dans un tel état lors de ma première exploration. C'est risible. Et, j'ai vraiment eu de la chance d'avoir Abyss avec moi. Sans lui, j'y serai probablement restée. Moi, je serai morte !

Nous retrouvons le brouhaha de la ville, et j'en déduis que nous sommes sortis. Comment-a t'il fait ? Quel est son secret ? Je ne sais pas. Je parlais des aventuriers rang F comme des déchets en entrant dans le Dungeon, je ressort avec un coéquipier d'exception. Abyss Maxwell l'Autre, je veux que tu sois dans mon équipe.

Je l'entends de loin, me demander ou j'habite, et je m'entends lui répondre d'encore plus loin. Ma maison. Mon lit. En voilà une bonne idée.

Je ne sais plus ce qui s'est passé ensuite, mais je me suis endormie. Ou je suis tombée dans les pommes. Je me suis retrouvée dans mon lit, et mon épée à mon chevet, mais comment ? Tout est noir. Une seule chose est certaine, si j'avais survécu, ce n'était pas grâce à moi.

Se faire sauver par un garçon le premier jour de mon exploration du Dungeon. Tu parles d'une honte.